ZOROASTRISME

 

                                                                                     

 

    

LE ZOROASTRISME

 

Les textes fondateurs du Zoroastrisme sont regroupés dans l'Havesta, collection de traités et de poèmes. On y trouve le Yasna, ensemble de textes lithurgiques, dans laquelle est insérée la Ghatta .

A. ZARATHUSTRA : la dimension éthique

 1) Vie de Zoroastre

 On ne sait pas ni ou ni quand il est né, mais on peut se fier à la légende. Il aurait vécu au IXe siècle av. J-C. Fils d'un prêtre païen, il aurait été illuminé vers 30 ans. Il parvient à convertir le Roi VISHTAPA / HYSTAPES, père de DARIUS I LE GRAND, et gouverneur d'Iran de l'Est. En fait, Zoroastre aurait rencontré l'ange VOHU MANAH, qui l'aurait mené au Dieu AHURA-MAZDA. Celui-ci lui aurait demandé de combattre le polythéisme et de prêcher une religion purifiée. Mais sa carrière est interrompue brutalement à 77 ans, car on l'assassine lors d'une défaite de Vishtapa.

 2) Conceptions religieuses

 Son Dieu, AHURA-MAZDA est unique et céleste. Les autres dieux ne sont que de mauvais esprits, qui veulent détourner les esprits faibles du droit chemin. Le droit chemin, c'est l'adoration de l'Esprit. DRUJ, le mensonge, est une force maléfique qui combat AHURA-MAZDA. Mazda, c'est la lumière  et il faut l'adorer en sacrifiant au feu. C'est ainsi que les zoroastriens adorent le feu ( "firuz " en Persan) et construisent des Temples du Feu un peu partout.

Un bon religieux est un gentilhomme, aimable avec ses voisins, sociable, et qui résiste aux adorateurs des Daevas ( Dieux) qui menacent sa paix de fermier. Souvenons-nous, à ce propos, que les Iraniens étaient presque tous des paysans à cette époque, où les Perses commencent peu à peu à se sédentariser et à passer de nomades à fermiers.

D'après Zoroastre, la vie toute entière n'est qu'un grand combat cosmique où le bon père de famille doit affronter les agents de DRUJ, ORMAZD et HARRIMAN. Cette bataille finira par le résurrection des morts et le Jugement Dernier : les ressucitée traversent le CHINVAT, petit pont menant au repos éternel. Mais si leurs péchés sont trop lourds, ils tombent, et alors là,...

B. LES ACHEMENIDES - dimension rituelle

 Les prêtres des Mèdes, les MAGI (d'où provient le mot " magique") se convertissent au Zoroastrisme, devenu religion dominante. Ils en administrent le culte et l'améliorent par l'introduction de rituels magiques.

C. LES SASSANIDES - dimension doctrinale

 

Ils se posent des tas de questions métaphysiques et mettent sur pied toute une doctrine complexe. Ainsi, la Théorie de l'Histoire est caractérisée par 4 grandes ères, durant chacune 3000 ans :

a) Dieu amène les Anges à la vie

b) Le premier homme, GAYOMARD, et le premier animal vivent seuls, parfaits et heureux.

c) L'esprit du mal les attaque et les détruit; de leurs cendres naissent des hommes et des animaux mortels, mélanges de bien et de mal.

 d) ZARATHUSTRA arrive sur Terre pour sauver les hommes et écraser, avec l'aide de SHOSHYAN, les esprits du mal de sorte que l'Univers puisse retourner à l'état pur.

Tout serait si simple, si on avait trouvé une réponse cohérente à la question " D'où vient le mal ? Qui l'a créé ? ". La réponse standard est que c'est ZURVAN, le Temps Infini, sorte d'entité au-dessus du bien et du mal, qui a généré en même temps MAZDA et DRUJ .

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C'est une  religion de la Perse antique, issue du mazdéisme, et qui tire son nom du prophète Zoroastre. Ses doctrines sont conservées dans les gathas (hymnes métriques), qui forment une partie du recueil de textes sacrés appelé Avesta.

     Doctrines

     Les principes fondamentaux des gathas reposaient sur le culte de Ahura Mazda (le «Seigneur de Sagesse» ou le «Maître du Savoir») et sur un dualisme éthique opposant Vérité (Asha) et Mensonge à travers tout l'Univers. Tout le bien procède des émanations de Ahura Mazda qui lui donnent forme et existence : Spenta Mainyu (l'«Esprit-Saint», la force créative) et les six entités qui l'assistent, Bon Esprit, Vérité, Pouvoir, Dévotion, Santé et Vie. Tout ce qui est mauvais provient du mauvais «jumeau» de Spenta Mainyu, Angra Mainyu (l'«Esprit Diabolique» ; en persan, Ahriman), et de ses assistants. Angra Mainyu est mauvais par choix, car il s'est allié au Mensonge, tandis que Spenta Mainyu a choisi la Vérité. De la même façon, les hommes devaient opérer ce choix fondamental. Après la mort, l'âme de chacun était jugée sur le Pont du Jugement ; seuls les partisans de la Vérité le traversaient pour être conduits au Paradis ; mais les partisans du Mensonge tombaient en Enfer. À la fin des temps, tout mal est éliminé de la Terre dans un supplice de feu et de métal fondu.

     Les gathas et le Haptanghaiti (les «Sept Chapitres»)

     Il est possible que Zoroastre ait tenté la synthèse de deux systèmes religieux. Le premier, mis en évidence dans les gathas, fut un culte de la Sagesse et de ses émanations, y compris Asha (la Vérité). Le second consista en un culte du dieu Ahura, protecteur de Asha : il apparaît dans une autre partie de l'Avesta, le Haptanghaiti («Rituel des Sept Chapitres»), rédigé également en vieil avestique, la langue des gathas de Zoroastre. Dans les «Sept Chapitres», des émanations ou entités divines, ainsi que diverses abstractions sacrées interviennent ; Ahura Mazda y reçoit l'épithète de «possédant Asha» ; en revanche, le Mensonge et Angra Mainyu ne sont pas mentionnés. De nombreux objets naturels, des créatures mythiques et des esprits ancestraux y sont vénérés. Ahura Mazda y ressemble moins à la divinité unique de Zoroastre qu'au dieu Varuna (parfois appelé Asura, «Seigneur») des anciens textes religieux indiens, les Rig-Veda.

     Les ancêtres des Perses (c'est-à-dire un sous-groupe aryen des peuples indo-européens) et les envahisseurs du Nord de l'Inde partagèrent la même origine et on peut supposer qu'ils adorèrent un certain nombre de divinités communes. L'Ahura Mazda des «Sept Chapitres» possédait des femmes appelées Ahuranis, lesquelles, à l'instar des Varunanis de Varuna, étaient nuages, pluie et eaux. Ahura possédait Asha, de même que Varuna protégeait Rita («ordre cosmique» équivalent de Asha; en vieux perse, Arta). Le nom de Ahura Mazda fut parfois associé à celui de Mithra ; dans les Veda, les noms de Mithra et Varuna furent également associés. Les «Sept Chapitres» vénéraient aussi Haoma (en védique, Soma), une plante divinisée d'où l'on tirait une préparation hallucinatoire. Le culte des ancêtres, des esprits de la nature et autres divinités (par exemple le dieu du Feu appelé Agni par les hindous) possédait également un équivalent védique.

     Le Yasna et le Videvdat

     Les gathas et les «Sept Chapitres» ne constituaient qu'une partie du grand texte de sacrifice rituel appelée Yasna. Le reste fut rédigé dans une langue plus tardive, l'avestique récent. On possède en outre un ensemble d'hymnes rédigés en moyen perse qui rendaient hommage à diverses divinités, dont Anahita, déesse des eaux et de la fertilité probablement empruntée (tout comme la coutume des mariages incestueux) aux Élamites. La dernière partie de l'Avesta, le Videvdat, fut rédigée après la conquête de la Perse par les Grecs, au IVème siècle av. J.-C. ; il présentait l'ensemble des prescriptions et interdits de la loi pour la vie quotidienne (un peu à la façon du Lévitique). Il reflétait les coutumes attribuées par l'historien grec Hérodote aux Mages, caste de prêtres d'origine mède : c'était, par exemple, l'exposition des cadavres, la protection accordée aux chiens ou le massacre systématique des reptiles.

     Historique

     Darios Ier fut probablement le premier roi perse à adopter le zoroastrisme. Les inscriptions qu'il a laissées sont emplies de louanges en l'honneur de Ahura Mazda; il parut en outre considérer le Mensonge comme une force mondiale. Après lui, son fils Xerxès Ier, puis Artaxerxès Ier (qui régna de 465 à 425 av. J.-C.) furent également des fidèles de Ahura Mazda. Sous leurs règnes s'opéra sans doute une synthèse des enseignements de Zoroastre et du polythéisme antique, reflétée dans le syncrétisme des Yashts. Artaxerxès II (qui régna de 404 à 358 av. J.-C.) vénérait Ahura Mazda, Mithra et Anahita; c'est probablement sous son règne que les premiers temples perses furent bâtis. Sous la domination des Séleucides grecs (364-312 av. J.-C.), puis des Arsacides parthes (v.250 av. J.-C. à 226 apr. J.-C.), des cultes aux dieux étrangers se développèrent à côté du zoroastrisme. Mais la nouvelle dynastie perse des Sassanides (226 à 651 apr. J.-C.) rétablit le zoroastrisme comme religion de l'État. Dans la théologie sassanide, Ahriman (Angra Mainyu) fut opposé à Ohrmuzd (Ahura Mazda), et non plus à Spenta Mainyu. Certains théologiens sassanides enseignèrent aussi que Ohrmuzd et Ahriman étaient les fils jumeaux du Temps infini (Zervan), mais cette doctrine fut finalement rejetée.

     La Perse fut progressivement convertie à l'Islam après la domination arabe au VIIème siècle. Cependant, le zoroastrisme survécut dans de petites communautés de Gabars (terme péjoratif adopté par les Arabes) dans les régions montagneuses du Yezd et de Kem. Il en subsiste aujourd'hui environ 18000 en Iran. Les zoroastriens, sous le nom de Parsis (littéralement Perses), émigrèrent nombreux vers l'Inde. Ils vivent aujourd'hui principalement dans la banlieue de Bombay. Ils récitent toujours la liturgie de l'Avesta et conservent les feux sacrés, mais de nos jours, ils préparent un haoma non hallucinatoire et très peu ont conservé l'usage de placer les cadavres sur des édifices élevés (appelés les tours du silence) pour être la proie des vautours.

 

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Mazdéisme, zoroastrisme et manichéisme

 

Cette page a été créée grâce à l'excellent guide :
"Iran, Découverte, de la Perse ancienne à l'Etat moderne",
Helen Loveday
Guides Olizane

Le mazdéisme
Son origine remonte aux tribus indo-européennes des 2ème et 1er millénaires avant JC.
Le mazdéisme possède une étroite parenté avec l'ancienne religion indienne décrite dans les Veda.
Le dieu suprême, Ahura Mazda ou Ormazd (Varuna, en Inde), est entouré de divinités, les Amesa
Spenta
. Cette religion est donc polythéiste.
La société des hommes, quant à elle, est tripartite : prêtres, guerriers et agriculteurs-éleveurs. Le
feu et le "haoma" - boisson enivrante - sont les deux éléments principaux de culte. Le sang d'un
animal, souvent un boeuf, sert aux sacrifices.

Le zoroastrisme à son origine
Cette religion est issue des anciennes croyances mazdéistes réformées par Zarathoustra
(Zoroastre, en grec). Originaire de l' "Iran" oriental, elle naît entre 1000 et 600 avant JC, donc
avant les grands rois achéménides. La vie de Zarathoustra est relatée dans des chants (les "gâthâ")
qui font partie du livre saint "l'Avesta".
Cette religion est monothéiste : Ahura Mazda est Le Dieu Bon, à l'origine de toutes choses. Sous
lui, règnent 2 "Esprits" jumeaux :
- Spenta Mainyu, le Saint Esprit et
- Ahra Mainyu, plus connu sous le nom de Ahriman, le Mauvais Esprit.

Ces jumeaux symbolisent la lutte entre le Bien et le Mal, entre la Lumière et les Ténèbres. Ils se
livrent à un combat cosmique et, finalement, le Bien l'emportera.

Ce dualisme est fondamental : l'homme choisit librement la voie qu'il va suivre. Si ses pensées, ses
actes et ses paroles sont exemplaires, il sera récompensé après sa mort par une place dans le
royaume d'Ahura Mazda. En effet, au moment du Jugement dernier, une grande ordalie ("jugement
de Dieu") par le feu et le métal fondu, présidée par Ahura Mazda, châtiera les méchants et les bons
accèderont à la résurrection spirituelle
.

Zarathoustra est un adversaire farouche des anciennes pratiques mazdéistes :
- la mort d'un animal dans la souffrance, car totalement incompatible avec la bonté de Dieu auquel il
est sacrifié,
- le choix du boeuf pour ce sacrifice, car totalement incompatible avec la sagesse de Dieu : le boeuf
est en effet l'auxiliaire indispensable aux travaux agricoles et c'est le symbole du monde animal,
- le "haoma", car il égare les hommes quand ils sont ivres.

Evolution du zoroastrisme sous l'empire perse achéménide (550-331 av. JC)
Rappelons, par ordre chronologique, quelques grandes étapes et grands noms de cette période :
- Cyrus II le Grand
- Darius 1er
- 509 av. JC : proclamation de la république romaine
- 500 av. JC : construction de Persépolis
- 490 av. JC : défaite des perses contre les grecs à Marathon
- Xerxès Ier
- Invasions d'Alexandre le Grand
- 331 av. JC : mort de Darius III
- 330 av. JC : incendie de Persépolis

Les pratiques des mages vont influencer le zoroastrisme. En effet, en Médie (partie de l'Iran
actuel au sud-ouest de la mer Caspienne), ils forment une caste aux fonctions politiques et religieuses
héréditaires depuis des siècles. Comme les achéménides ont conquis la Médie, ces mages vont
constituer naturellement le clergé de la nouvelle dynastie.
Très conservateurs, ils refusent la réforme prônée par Zarathoustra. Le sacrifice des
animaux est maintenu et l'on boit à nouveau en quantité non raisonnable le "haoma" ...
Et plusieurs anciens dieux font leur réapparition :
Anâhita, à l'origine de l'eau et des fleuves,
Mithra, à l'origine du soleil et dieu de la guerre. Il préside les sacrifices de taureaux et les rites liés
au "haoma" ...

Le manichéisme
Au 3ème siècle après JC, donc sous l'empire sassanide (224-642 ap. JC), le prophète Mani
enseigne en "Iran" une nouvelle doctrine associant le zoroastrisme, le christianisme et le boudhisme.
Né en 216 ap. JC, Mani est élevé en Babylonie (l'Iraq actuel). A 24 ans, après une première
révélation de Dieu, il part pour un voyage apostolique qui le conduit à travers toute la Perse
jusqu'à la vallée de l'Indus
. A son retour, Shâpur Ier l'autorise à prêcher dans tout l'empire.
Cependant, le grand prêtre Kartir organise des persécutions générales contre les manichéens
et Mani meurt en prison en 277 ap. JC, à l'âge de 61 ans. Contraints à l'exode aux confins de
l'empire sassanide, les manichéens émigrent vers l'Egypte et l'Asie centrale.

Les trois temps de la lutte entre la Lumière et les Ténèbres
1er temps
Les deux principes sont séparés, puis le royaume des Ténèbres envahit celui de la Lumière.

Le temps médian ou le temps du mélange des principes
"L'Homme Primordial, une émanation de Dieu, est battu par les démons qui lui prennent son
armure (la Lumière). Les particules de Lumière ainsi prises sont mélangées aux Ténèbres et à la
Matière. Si certaines particules sont récupérées par l'Esprit Vivant pour former la lune, le soleil et
les étoiles, les plus souillées demeurent captives.
Alors interviennent les Archontes, démons enchaînés par l'Esprit Vivant, qui engendrent les plantes
et les animaux dans lesquels sont incorporées des particules de Lumière.
L'espèce humaine est créée par la Concupiscence qui espère qu'en se multipliant l'homme
éparpillera les particules et les empêchera de remonter dans leur royaume.
Pour déjouer ce plan, le Sauveur communique au premier homme, Adam, la Gnose, c'est-à-dire
la connaissance totale sur son origine et sa vocation : bien que son corps provienne des démons,
son âme pourra se libérer et remonter à la Lumière"
(op. cit.).

Le temps postérieur
Toutes les particules seront libérées, la Lumière et les Ténèbres seront à nouveau séparées. Les
démons et les damnés seront à jamais enfermés dans le monde de l'Obscurité.

Evolution du zoroastrisme sous l'empire perse sassanide (224-642 ap. JC)
Le zoroastrisme devient une véritable religion d'état. Une théocratie s'organise autour des mages.
Le plus actif est le prêtre Kartir que l'on retrouve sous les règnes de Shâpur Ier (241-272 ap. JC),
Bahram Ier (273-276 ap. JC) et Barham II (276-293 ap. JC), donc contemporain du prophète
Mani. Il s'attaque aux doctrines "hérétiques", donc, entre autres, aux manichéens.

Le zoroastrisme jusqu'à nos jours
Après la conquête arabe et l'arrivée de l'islam, les zoroastres (ainsi que les juifs et les chrétiens
d'ailleurs) sont reconnus comme "Gens du Livre". Cependant, au 8ème siècle ap. JC, le
durcissement de l'islam entraîne des conversions massives. Les zoroastres qui ne veulent pas
renier leur religion sont obligés d'émigrer vers l'Inde : ce sont les parsis.
Aujourd'hui, il ne reste que quelques dizaines de milliers de zoroastres en Iran, principalement
à Ispahan, Yazd et Kerman. L'article 13 de la constitution iranienne leur garantit la liberté de culte

Le Zoroastrisme 

Ses fidèles sont les adeptes de Zarathustra  dont on ne sait pas grand chose. Les chercheurs ont même de grosses difficultés à déterminer la part des textes et de la théologie zoroastriennes qui lui est vraiment imputable. D'après le langage utilisé dans les textes religieux, on a pu déduire qu'il a dû vivre au alentour de 600 ans avant notre ère dans l'est de l'Iran. A cette époque, la religion était le mithraïsme, Zarathustra s'est élevé contre elle car elle n'était pas monothéiste, pratiquait le sacrifice des animaux et permettait la consommation de boisson enivrantes qui selon lui obscurcissent l'esprit. Il a découvert l'existence de Dieu grâce à son intelligence, il a été un penseur et n'a jamais prétendu être un prophète, c'est une des raison qui font que le Zoroastrisme peut être considéré comme une philosophie plutôt que comme une religion. Sa doctrine qui est basée sur la bonne pensée, la bonne parole et la bonne action fournit à ses disciples des directives générales et fait confiance à leur intelligence pour découvrir l'existence du Créateur de la terre et du ciel. Ce Créateur n'est pas un commerçant et n'a nul besoin d'adorateurs, il est le guide de ses créatures afin qu'elles aient une vie agréable, remplie de bonté.

Aujourd'hui, il y a environ 200.000 zoroastriens de part le monde, la moitié vit en Inde et plus particulièrement à Bombay. Ils sont appelés Persans ou Parsis et sont les descendants des émigrés Iraniens qui ont fui devant les envahisseurs musulmans et qui, plus tard sous le règne des anglais, suivirent la Compagnie de L'inde du Sud et développèrent des affaires avec le gouvernement et l'administration de Bombay. D'ailleurs, c'est à cette époque que certaines familles acquièrent importance et opulence (Sorabji, Modi, Patel, Mehta, Allbless, readymoney, Dadyset, Jejeebhay, Kama, Tata...). Beaucoup d'entre eux sont connus par leur participation à la vie de la cité dans des domaines comme l'éducation, l'industrie et les oeuvres caritatives. Ils n'adhèrent pas au système des castes, n'ont pas d'interdits alimentaires, une de leur règle qui tend à disparaître est d'avoir toujours la tête couverte et leur coutume la plus connue est de pratiquer l'offrande des morts à des oiseaux de proie dans des "tours du silence".

 Les fondements  de cette religion qui est la première religion monothéiste connue du monde sont ignorés des occidentaux dont la seule référence est le livre de Nietzche "ainsi parlait Zarathustra" et  même des Iraniens  qui considèrent ses fidèles comme les "adorateurs du feu". En effet un feu brûle en permanence dans leurs "temples du feu" car il représente pour eux le plus pur symbole de la Divinité. Zarathustra n'a pas conçu de représentation de Dieu, le symbole de sa doctrine est le Frahvar qui symbolise l'esprit de l'homme pré-existant à sa naissance et qui perdurera après sa mort.

 

1) Fravahr a un visage humain, signe de son attachement à l'être humain

2) 2 ailes avec 3 rang de plumes symbolisant "la bonne pensée, la bonne parole, la bonne action" signes du dynamisme, de l'envol et du progrès

3) partie inférieure comportant 3 éléments représentant "la pensée, la parole et l'action mauvaise" sources de la décadence de l'homme

4) deux spires sur les côtés symboles des 2 forces Sépanta Minou et Ankaré Minou, la première dirigée vers le visage et la seconde dirigée vers l'arrière signifient qu'il faut avancer vers le bien et tourner le dos au mal

5) le cercle du milieu symbolise l'éternité de l'esprit

6) une main vers le haut symbolise l'effort pour tendre vers le sublime

7) autre main avec un anneau exprimant l'importance accordée à l'alliance et à la fidélité

Ainsi parlait Zarathoustra...

 

Vous avez sans doute entendu parler de Zarathoustra, ce personnage choisi par Nietzsche pour illustrer la notion de "Surhomme"... Mais ce que vous ne savez peut-être pas, c'est que non seulement Zarathoustra a bel et bien existé mais qu'il est la figure centrale d'une des religions les plus anciennes de l'humanité : le zoroastrisme. Le zoroastrisme ne compte plus aujourd'hui que quelques 200 000 adeptes dans le monde, mais le rôle important qu'il a joué dans l'histoire de la civilisation iranienne, les multiples influences qu'il a exercées sur d'autres religions comme le judaïsme, le christianisme et l'islam ainsi que ses rapports avec les autres religions indo-européennes rendent intéressante à plus d'un titre l'étude de ce qui reste aujourd'hui l'une des religions les plus ignorées du monde.

 

Qui était Zarathoustra ?

Les historiens pensent que Zarathoustra (Zartosht en persan) aurait vécu quelque part entre 1000 et 600 avant J.C., en Iran oriental. Il y a désaccord sur les dates mais retenons surtout qu'il vécut antérieurement à la fondation de l'Empire perse par Cyrus vers le milieu du Vèmesiècle avant J.C. Nous disposons de peu de sources d'information directe sur lui : les seules sources pourraient être les Gathas : ces textes, dans une langue iranienne archaïque vieille d'entre 2500 et 3000 ans, se rattachent à la vieille tradition de poésie sacrée indo-européenne dont on trouve d'autres exemples dans les textes védiques indiens. Il s'agit de chants attribués à la personne même de Zarathoustra, dont les textes sont parvenus jusqu'à nous et qui révèlent des détails biographiques intéressants. En revanche, la tradition rapporte un récit épique de la vie de Zarathoustra, scénario exemplaire de la vie du Sauveur, rempli d'événements surnaturels et de miracles, ce qui a conduit certains historiens à douter de l'historicité du personnage. Toutefois il n'y a là rien d'exceptionnel : c'est un exemple de plus de la transformation d'un personnage historique en archétype par une mystification graduelle. Nous en connaissons d'autres exemples, comme Gautamma Bouddha, Jésus ou les saints du christianisme. Par contre les Gathas donnent des détails biographiques qui plaident en faveur de l'existence d'une personne réelle.

De la vie de Zarathoustra telle qu'elle est rapportée par la tradition nous pouvons retenir les points suivants : né sous le signe de la lumière surnaturelle, il devient d'abord prêtre de la religion traditionnelle aryenne alors régnante en Iran et qui comportait entre autres de nombreux rites sacrificiels. Mais il reconnaît en une série de visions le Seigneur Saint Ahura Mazda et commence alors sa prédication exclamative et passionnée, dont les Gathas nous donnent un aperçu. Zarathoustra prêche et annonce "la venue du Royaume de Justice, la coopération à l'oeuvre de Dieu (Ahura Mazda), sous peine de châtiment total" [1]. Il élève le dieu Ahura Mazda au rang de Dieu suprême, reléguant les autres divinités de la religion aryenne traditionnelle à un rang secondaire -à tel point que le zoroastrisme est souvent appelé mazdéisme- et critique les pratiques de la religion traditionnelle notamment le sacrifice, ce qui lui attire les foudres des prêtres. Il fuit alors pour sauver sa vie et, après plusieurs années d'exil au cours desquelles il a des entretiens mystiques avec Ahura Mazda, il gagne le soutien d'un souverain local appelé Vishtasp, qu'il rallie à sa foi à travers un parcours initiatique exemplaire et qui l'aidera à surmonter les nombreux obstacles qui jalonnent sa mission. C'est désormais l'étape du succès : la foi de Zarathoustra se répand au rythme des victoires remportées sur les souverains "méchants" et finit par se répandre dans "tous les royaumes".

 

Le message spirituel zoroastrien

L'exemple donné par Zarathoustra est celui d'une expérience mystique, résultat d'une pratique rituelle illuminée par un espoir eschatologique, celui de l'avènement du Royaume de Justice. Au travers du récit de sa vie l'on voit constamment l'omniprésence de la lumière surnaturelle, signe de l'espoir eschatologique, qui le soutient dans son combat permanent contre les démons. Nous évoquerons cet aspect eschatologique plus loin en le parlant de l'influence zoroastrienne sur les religions abrahamiques. Mais contrairement à d'autres figures religieuses- et là s'arrête la comparaison avec Jésus évoquée plus haut- il s'agit d'une lutte couronnée de succès : Zarathoustra en sort vainqueur à la fin de sa vie. Là où le destin de Jésus tourne à une tragédie qui n'est consolée que par une promesse de résurrection, celui de Zarathoustra se termine sur une réussite et avec une note d'optimisme qui a fasciné certains penseurs occidentaux, dont Nietzsche, à l'époque où les orientalistes venaient de découvrir cette religion antique à travers ses textes.

Dans la cosmogonie zoroastrienne, l'Esprit Saint -Ahura Mazda- occupe la place centrale. Il crée le monde par la pensée, mais ceci ne constitue pas, comme dans les religions abrahamiques où Dieu est tout-puissant, l'acte fondateur de son statut divin. Il est entouré de plusieurs êtres divins (qui ont d'ailleurs donné leur nom aux mois du calendrier iranien) et le père de plusieurs entités dont notamment les Esprits jumeaux Spenta Mainyu (Esprit Bienfaisant) et Angra Mainyu ou Ahriman (Esprit Destructeur). A l'origine, raconte un gatha célèbre, le premier a choisi le bien et la vie, l'autre le mal et la mort : leur différence vient non de leur nature mais d'un choix. De cette façon Ahura Mazda n'est pas à l'origine du Mal, qui provient du libre choix d'Ahriman. Zarathoustra invite alors les fidèles à imiter l'acte primordial d'Ahura Mazda : le choix du Bien. Les hommes ne sont donc pas les serviteurs ou les esclaves de Dieu comme se reconnaissent par exemple les fidèles de Yahvé, de Varuna ou d'Allah mais libre dans le choix de suivre Ahura Mazda ou non.

Le zoroastrisme est bien un monothéisme. Certains ont vu dans le zoroastrisme un dualisme, ce que récusent à la fois les zoroastriens et ceux qui connaissent le zoroastrisme. En effet, Dieu n'y est pas confronté à un anti-Dieu comme c'est le cas dans les dualismes tels que le manichéisme : le conflit se situe entre l'Esprit Bienfaisant et l'Esprit Destructeur (Ahriman). Dieu était conscient de ce conflit au moment où il a engendré les deux Esprits mais il ne l'a pas empêché, ce qui peut signifier soit qu'il transcende toutes les contradictions soit que l'existence du Mal est la condition préalable de la liberté humaine.

 

Zarathoustra le réformateur

La réforme la plus importante de Zarathoustra est sa transformation de la religion traditionnelle en un monothéisme axé sur des préoccupations éthiques. Il ne refuse pas complètement la religion traditionnelle mais qui reprend de nombreuses idées de cette dernière en leur donnant une nouvelle valeur morale. Il reprend notamment le thème de la résurrection cyclique du monde, présent dans les traditions associées au Nouvel An, pour introduire l'idée audacieuse de la Résurrection, associée de l'avènement du Saoshyant, le sauveur.

Mais le message zoroastrien n'avait pas seulement une portée métaphysique ou théologique : Zarathoustra critique à maintes reprises les sacrifices animales et d'autres aspects des traditions de sa société, appelle au respect du bœuf (élément que l'on retrouve en Inde) et fait l'éloge de la vie sédentaire et agricole par opposition à celui des nomades chasseurs. La propagation de l'agriculture est constamment mise en valeur dans les textes zoroastriens, qui mettent l'accent sur le respect de la vie animale et humaine.

 

L'Avesta, livre sacré des zorosatriens

Les zoroastriens ont aussi leur livre sacré : l'Avesta. Du texte initial, seul le quart est arrivé jusqu'à nous : les manuscrits ont été perdus ou détruits une première fois lors de l'invasion d'Alexandre qui fit brûler la bibliothèque de Persepolis et une seconde fois lors de l'invasion arabe (VIIèmesiècle). Ce quart fait toutefois mille pages en traduction française... Certaines parties de l'Avesta datent d'il y a à peu près trois mille ans, mais l'Avesta que nous connaissons aujourd'hui est une compilation qui a été effectuée au IIIèmesiècle après J.C., à l'époque de la dynastie sassanide soit à peu près neuf siècles après la prédication de Zarathoustra. Les parties les plus anciennes sont dans une vieille langue iranienne dite avestique ; le reste est en pahlevi littéraire, langue de l'Empire Perse à l'époque sassanide (226-651).

 

Zoroastrisme et judaïsme

Un autre thème important du zoroastrisme est sa promesse d'une vie après la mort, où les âmes seront départagées lors de la traversée du Pont de Chinvat, et finissent soit au Paradis, soit en Enfer soit au Purgatoire. Nous avons également évoqué la notion de résurrection, qui surviendra à la fin des temps avec l'avènement du Saoshyant qui rétablira la justice par une régénération du monde.

On retrouve tous ces thèmes sous une forme semblable dans le judaïsme, le christianisme et l'Islam. Toutefois, bien que présents dans les plus vieilles parties de l'Avesta, ils ne sont attestés dans les écrits judaïques que postérieurement à la Captivité de Babylone (597-538 av. J.C.), période pendant laquelle les élites judéennes, en exil à Babylone, entrèrent en contact avec la Perse et les religions iraniennes. C'est d'ailleurs l'empereur perse Cyrus qui met fin à cet exil en libérant Jérusalem de la domination babylonienne (Isaïe 45 : 1-14), en rendant la liberté de culte aux juifs et en faisant reconstruire le Temple (Esdras 1 : 1-5). La plupart des textes judaïques traitant de la vie après la mort appartiennent durant la période de domination perse en Palestine, ce qui laisse penser à une influence zoroastrienne. De nombreux travaux ont été faits dans cette direction dont [2] et [3] donnent un aperçu.

La cosmogonie zoroastrienne a également influencé de nombreux penseurs musulmans tels Sohravardi (1155-1191), initiateur du courant des Ishraqiyoun, qui fit un syncrétisme philosophique de cette cosmogonie avec la pensée islamique, et plusieurs auteurs musulmans ont tenté d'intégrer Zarathoustra à la lignée prophétique abrahamique.

 

Destin du madzéisme

Peu après la prédication de Zarathoustra, sa religion se répandit en Iran et finit par rallier les empereurs de la Perse : les inscriptions sur le tombeau de l'empereur achéménide Darius (VIèmesiècle av. J.C.) font explicitement mention du dieu zoroastrien Ahura Mazda, et. le zoroastrisme fut également à l'honneur chez les Parthes qui dominèrent en Iran entre 123 et 226 A.D. Mais c'est sous la dynastie Sassanide (226-651) que le zoroastrisme devint religion officielle de l'Empire et fut doté d'une véritable institution ecclésiastique - la caste des mobads - ayant une grande influence dans les affaires de l'État.

L'avènement de l'Islam au VIIèmesiècle et l'invasion arabe provoquèrent la chute des Sassanides et avec elle, la fuite d'un groupe de zoroastriens vers l'Inde où ils fondèrent une communauté qui subsiste encore aujourd'hui : en Inde on les appelle les Parsis (les persans). La majorité des iraniens se convertirent graduellement à l'Islam par la suite mais il subsiste encore aujourd'hui une communauté zoroastrienne en Iran (environ 40 000 fidèles) et qui se considère la gardienne de la tradition trois fois millénaire de Zarathoustra. Par ailleurs de nombreuses traditions iraniennes ainsi que le calendrier iranien ont des origines zoroastriennes.

Aujourd'hui il n'y a plus qu'environ 200 000 zoroastriens dans le monde, essentiellement en Inde, en Iran et dans les diasporas aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Citons à titre anecdotique quelques zoroastriens contemporains célèbres : le chef d'orchestre Zubin Mehta et le chanteur de rock Freddie Mercury. Mais même si le zoroastrisme a pratiquement disparu en tant que religion il reste un élément important de la civilisation iranienne, et qui a joué un rôle important dans l'histoire politique et religieuse du Proche-Orient pendant plus d'un millénaire et fait partie intégrante du patrimoine culturel et historique de l'humanité. Il mérite donc, pensons-nous, d'être mieux connu qu'il ne l'est actuellement. Espérons que cet article ait éveillé chez quelques-uns la curiosité d'en connaître davantage...

 

                                                                                                     

 



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Dernière mise à jour le : 31 ãì 2008.