Bonjour
Parissa,
J’abuse
du temps libre d’une amie, Jacqueline Kauffer, qui habite chez moi
depuis moins d’une semaine, pour vous écrire un autre testament
concernant ma vie après la mort.
En
effet, je sens m’approcher de plus en plus des derniers moments
d’une vie difficilement vécue depuis la naissance jusqu’au moment
actuel.
Vous
aviez oublié de m’envoyer quelques réponses aux différents problèmes
que je vous avais posés. Ce manque d’attention de ta part ne pouvait
pas ne pas me mettre dans un état d’inquiétude. C’est pourquoi
dans mon avant-dernier message j’avais parlé concernant votre vie ou
votre mort.
Heureusement
vous m’avez rendu le calme d’avoir appris que vous étiez toujours
vivante.
Mon
plus grand plaisir consiste à réaliser le programme de la construction
d’un cimetière à Abadoh, mon lieu de naissance. Déjà j’ai
mentionné par plusieurs courriers destinés à mon ami Etminan
concernant le point où le cimetière doit être construit et j’ai
donné beaucoup d’explications que ce cimetière devait être entouré
d’un dispensaire médical, d’un centre d’études philosophiques
sous votre direction.
Vous le
savez très bien, en échange de mon dévouement qui a duré une
trentaine d’années dans ma vie professionnelle (services dans l’armée,
enseignement, des travaux de papiers et d’écriture en différents
domaines).
J’avais
l’intention et je l’ai toujours, pour que la maison achetée par moi
mais enregistrée au nom de Tooran, ma sœur, et en même temps votre mère,
soit vendue et avec son prix faire les travaux nécessaires de notre
cimetière. Je ne demande pas d’être propriétaire du cimetière. La
seule chose que je demande c’est d’avoir mon tombeau entouré des
centres médicaux gérés par votre initiative. Je suis dès maintenant,
fier d’observer du monde futur, vos activités humaines. Je pense que
c’est ma récompense.
J’espère
que vous suivrez le projet déjà accepté par votre père et votre mère
et que malgré toutes les difficultés vous serez capable de réaliser
ce grand projet humain.
N’oubliez
pas que les derniers moments de ma vie s’approchent avec une grande
vitesse parallèlement au moment des dernières respirations de Ruth.
Hier
soir j’ai dîné chez elle, en présence de sa fille Yanka, parlant
toute la soirée des projets et des programmes d’enterrement.
J’aimerais
que vous ayez la gentillesse dès maintenant de fixer un endroit vers
lequel je dois envoyer toute ma bibliothèque.
Je
pense que vous penserez à mes aspirations familiales et humaines en réalisant
le seul rêve de ma vie. Ainsi nous serons éternellement vivants dans
la mémoire populaire de notre adorable lieu de naissance.
Jacqueline
se joint à moi, pensant que je suis devenu fou et continue à taper à
la machine avec un sourire agréable, sans montrer de la jalousie.
A bientôt,
je laisse le soin de la correction à Jacqueline.
Votre
oncle dévoué : Rouhollah Abbassi