La domination humaine Partie 1 —les gouvernements

LES bouleversements politiques spectaculaires dont l’Europe a été le théâtre en 1989 ont attiré comme jamais l’attention du monde sur la notion de gouvernement. Un hebdomadaire a fait observer que “1989 restera, non pas l’année qui aura vu l’Europe de l’Est changer, mais l’année où l’Europe de l’Est telle qu’on la connaissait depuis 40 ans a disparu”.

Un membre de l’équipe chargée d’élaborer la politique du ministère américain des Affaires étrangères, Francis Fukuyama, est allé plus loin en écrivant: “Ce à quoi nous assistons n’est peut-être pas seulement la fin de la guerre froide, c’est-à-dire l’achèvement d’une période particulière de l’après-guerre, mais la fin de l’Histoire en tant que telle, l’aboutissement de l’évolution idéologique de l’humanité.”

Même s’il est loin de faire l’unanimité, ce point de vue a le mérite de mettre en lumière un certain nombre de questions fondamentales. Par exemple, quel bilan peut-on dresser des siècles de domination humaine qui sont derrière nous? L’humanité a-t-elle effectivement atteint un stade qui constitue “la fin de l’Histoire en tant que telle”? Quel avenir attend au juste les gouvernements, et quelles conséquences ces événements auront-ils sur chacun de nous?

 

Comment les gouvernements sont-ils perçus?

Des millions de personnes sont manifestement déçues par leurs responsables politiques. C’est le cas, non seulement en Europe, mais également, à des degrés divers, partout dans le monde. Prenons l’exemple de l’Amérique latine.

À la fin de 1988, un important journal professionnel allemand a décrit la situation politique de cette région du monde comme n’étant “guère plus qu’un tas de ruines”. Entrant dans les détails, il ajoutait: “L’économie (...) de l’Argentine se désagrège. Le Brésil menace de devenir ingouvernable. Le Pérou est au bout du rouleau. L’Uruguay s’en sort tant bien que mal. L’Équateur essaie de prendre la pleine mesure de ce qui est incontestablement une situation critique. La Colombie et le Venezuela (...) maintiennent une fragile tradition démocratique. Au Mexique, la stabilité d’un parti dirigeant qui gouverne sans partage depuis 50 ans (...) se désintègre aux yeux de tous. Les années 80 sont d’ores et déjà considérées comme une ‘décennie perdue’.”

En certains endroits, la popularité des hommes politiques est au plus bas. Ainsi, quand on a demandé aux Autrichiens de ranger 21 occupations par ordre de prestige, la fonction d’homme politique est arrivée en 19e position. En République fédérale d’Allemagne, 62 % des personnes interrogées dans le cadre d’un sondage ont dit n’avoir guère confiance dans les hommes politiques.

D’après le professeur Reinhold Bergler, directeur de l’Institut de psychologie de l’université de Bonn, “les jeunes sont sur le point de tourner le dos à l’État, à la politique et à ses représentants”. Il a révélé que pour 46 % d’entre eux les hommes politiques “parlent à tort et à travers”, 44 % les jugeant vénaux.

Voici ce qu’on a écrit à la suite d’un sondage effectué aux États-Unis dans les années 70: “Les gens sont convaincus que le système (politique) est si insensible et si véreux qu’il ne peut servir les aspirations des électeurs.” En conséquence, le nombre d’Américains qui pensent que les hommes politiques ‘ne s’intéressent pas réellement à eux’ s’est régulièrement accru, passant de 29 % en 1966 à 58 % dans les années 80. Justifiant ce jugement de valeur, le quotidien allemand Stuttgarter Nachrichten écrit: “Trop d’hommes politiques pensent d’abord à leurs intérêts; ensuite, éventuellement, à ceux de leurs électeurs.”

Il est donc compréhensible de voir la politique susciter de plus en plus d’indifférence. En 1980, seulement 53 % des citoyens américains inscrits sur les listes électorales se sont rendus aux urnes. C’était la cinquième baisse de participation consécutive. En 1988, le nombre de votants est tombé à 50 % seulement.

Les hommes politiques ne nient pas les faits. L’un d’eux, qui fut l’un des principaux dirigeants du monde, a fait un jour cet aveu: “Il y a de l’hypocrisie (...) et bien d’autres choses dans la politique.” En expliquant la raison, il a ajouté: “C’est ainsi qu’il faut agir pour obtenir un poste et pour y rester.” C’est à Richard Nixon, ancien président des États-Unis, que l’on doit ces paroles. Au vu des scandales qui l’ont amené à démissionner, nul doute qu’il savait de quoi il parlait.

Compte tenu des insuffisances de la politique, les personnes sincères se demandent si l’existence d’un bon gouvernement ne relève pas de l’utopie. Le monde ne se porterait-il finalement pas mieux sans gouvernement? Serait-ce la solution?

 

Avons-nous vraiment besoin de gouvernements?

ANARCHIE: Absence de toute forme d’autorité politique, se traduisant par une société dépourvue de gouvernement et dont les membres revendiquent la liberté absolue pour chacun.

LE PHILOSOPHE grec Aristote considérait que toutes les formes de gouvernement humain étaient, par essence, instables et transitoires. Selon un auteur, il disait que “la stabilité de tout régime est minée par le pouvoir corrosif du temps”.

Il ne faut donc pas s’étonner qu’il se trouve des gens pour prôner, si ce n’est l’absence totale d’autorité gouvernementale, du moins une intervention la plus limitée possible de sa part. Ce refus de l’autorité s’apparente en fait à l’anarchie, terme dont la racine grecque signifie “absence du chef”.

Le mot “anarchie” fut utilisé en 1840, il y a exactement 150 ans, par Proudhon, un penseur politique français. C’est toutefois l’Anglais Gerrard Winstanley qui, deux siècles plus tôt, avait défini la pensée anarchiste. La Nouvelle Encyclopédie britannique explique que “Winstanley établit ce qui allait devenir les principes fondamentaux de l’anarchisme: le pouvoir corrompt; la propriété est incompatible avec la liberté; l’autorité et la propriété sont mère du crime; une vie libre et heureuse n’est possible que dans une société sans dirigeant, où le travail et la production sont partagés, et où les actions de chacun sont régies non par des lois imposées d’en haut mais par la conscience”.

Pourtant, l’expérience ne nous enseigne-t-elle pas que tout groupe a besoin d’une structure à l’intérieur de laquelle évoluer? “Depuis les temps les plus reculés, observe la World Book Encyclopedia, l’autorité gouvernementale a occupé une place prépondérante dans toutes les sociétés. (...) N’importe quel groupe, qu’il s’agisse d’une famille ou d’une nation, se donne des règles de conduite pour régir la vie de ses membres.” Comment pourrait-il sans cela atteindre les objectifs qu’il s’est fixés pour le bien de tous?

Pour cette raison, la majorité des gens trouvent légitime que certaines institutions détiennent un droit à exercer l’autorité et à prendre des décisions pour le bien de la collectivité. L’absence de gouvernement amènerait chaque individu à se laisser guider par sa conscience, comme le préconisait Winstanley. L’unité s’en trouverait-elle renforcée? Chacun n’aurait-il pas plutôt tendance à favoriser ses intérêts personnels, souvent aux dépens des droits pourtant tout aussi légitimes des autres?

L’anarchie n’a en rien amélioré le sort de l’humanité. Ce constat d’échec vaut également pour les terroristes du XXe siècle, qui cherchent à déstabiliser la société, à détruire ce qu’ils jugent destructeur pour eux.

En résumé, l’absence de gouvernement est une porte ouverte au chaos. La question est donc moins de savoir s’il faut ou non un gouvernement que de trouver le type de gouvernement qui réussira le mieux.

 

Les origines de la domination humaine

À l’origine, lorsqu’il fut placé dans le jardin d’Éden voilà un peu plus de 6 000 ans, l’homme se trouvait sous la domination de Dieu. Le Créateur avait clairement fait savoir que l’humanité dépendait de lui et de sa direction, conformément au principe suivant énoncé plus tard dans la Bible : “Il n’appartient pas à l’homme qui marche de diriger son pas.” (Jérémie 10:23). Idée qu’on retrouve dans ce proverbe chinois: “Sans l’aide du ciel, l’homme ne peut avancer d’un pouce.”

Ce n’est pas ainsi que le premier couple vit la chose. Adam et Ève choisirent de marcher “sans l’aide du ciel”, en conséquence de quoi ils durent quitter le Paradis que Dieu leur avait donné. Par la suite, la famille humaine s’agrandissant, le besoin de règles pour assurer la paix et l’ordre se fit sentir. La domination divine ayant été rejetée, c’est la domination humaine qui, par la force des choses, vint combler le vide.

Genèse 3:1-5 «  Or le serpent était la plus prudente de toutes les bêtes sauvages des champs qu’avait faites Jéhovah Dieu. Et il se mit à dire à la femme : “ Est-ce vrai que Dieu a dit que vous ne devez pas manger de tout arbre du jardin ? ” 2 Mais la femme dit au serpent : “ Du fruit des arbres du jardin nous pouvons manger. 3 Mais quant à [manger] du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : ‘ Vous ne devez pas en manger, non, vous ne devez pas y toucher, afin que vous ne mouriez pas. ’ ” 4 Cependant le serpent dit à la femme : “ Vous ne mourrez pas du tout. 5 Car Dieu sait que, le jour même où vous en mangerez, vos yeux ne manqueront pas de s’ouvrir et, à coup sûr, vous serez comme Dieu, connaissant le bon et le mauvais. ” »

 

Semblables et pourtant différents

Depuis ce départ qui ne laissait augurer rien de bon, les gouvernements humains ont revêtu quantité de formes. Qu’ils soient réduits à leur plus simple expression ou extrêmement complexes, on retrouve chez tous certaines constantes. En voici quelques-unes:

 

Les gouvernements s’occupent des besoins de leurs sujets. Un gouvernement qui ne le fait pas perd sa légitimité.

Les gouvernements promulguent des codes de conduite, dont le non-respect fait encourir des sanctions. Ces codes sont composés de règles et de lois, ainsi que de traditions apparues au cours des siècles. La plupart des citoyens obéissent à ce code parce qu’ils en discernent le bien-fondé, par sens du devoir, pour faire comme tout le monde, ou, plus prosaïquement, par crainte du châtiment.

Les gouvernements pourvoient à des services législatifs, exécutifs et judiciaires par le truchement de dispositions prévues à cet effet. On promulgue des lois, on administre la justice, on met en œuvre des politiques.

Les gouvernements maintiennent d’étroites relations économiques avec le monde du commerce.

Les gouvernements font souvent alliance avec une religion, plus ou moins étroitement. Cette union confère à leur autorité une certaine légitimité — ‘la bénédiction du ciel’ — qui autrement leur ferait défaut.

Bien entendu, les gouvernements présentent également des différences. Les politologues ont de nombreuses façons de les répertorier. “Il y a par exemple, dit la Nouvelle Encyclopédie britannique, la distinction classique basée sur le nombre de dirigeants: un seul (monarchie ou despotisme), quelques-uns (aristocratie ou oligarchie), la masse (démocratie).”

Les gouvernements sont parfois classés selon leurs institutions dominantes (parlement, conseil des ministres), leur structure économique, les principes fondamentaux de leur autorité politique (traditionnelle, charismatique), ou bien encore la façon dont ils usent ou abusent du pouvoir. “Si aucun de ces principes analytiques ne regroupe à lui seul tous les cas de figures, lit-on dans l’encyclopédie précitée, tous ont néanmoins quelque valeur.”

Cependant, quelle que soit la méthode de classification utilisée, il convient surtout de garder présent à l’esprit que pour toutes ces formes de domination humaine, sans exception, l’heure du bilan a sonné. Et ce bilan aura des conséquences d’une portée considérable pour chacun d’entre nous.

 

À propos des autorités gouvernementales en place, l’apôtre Paul a écrit: “Que toute âme soit soumise aux autorités supérieures.” (Romains 13:1, 7). Ainsi, quiconque se dit chrétien et veut suivre scrupuleusement la ligne de conduite préconisée dans la Bible obéit à toutes les lois du pays dans lequel il vit tant que celles-ci n’enfreignent pas la loi divine, laquelle constitue la référence suprême.

 

Un gouvernement est nécessaire — au même titre que la police routière — pour éviter le chaos.

 

La domination humaine - Partie 2 - Les rois, comme les étoiles, se lèvent et disparaissent

Monarchie: Régime dans lequel le chef de l’État est un roi ou un empereur héréditaire. Royauté: Forme de domination monarchique ayant à sa tête un roi ou une reine. Empire: Territoire étendu composé généralement d’un ensemble de nations, d’États ou de peuples relevant d’un gouvernement central soumis le plus souvent à l’autorité d’un empereur.

“OR IL advint, aux jours d’Amraphel, roi de Schinéar...” C’est dans cette première phrase du 14e chapitre de la Genèse que le mot “roi” apparaît pour la première fois dans la Bible. L ’Amraphel en question est-il, comme certains l’affirment, le célèbre monarque babylonien Hammourabi? Nous l’ignorons. Ce que nous savons, en revanche, c’est que, quelle que soit l’identité d’Amraphel, la royauté humaine n’est pas née avec lui. Plusieurs siècles auparavant, Nimrod, bien que n’en portant pas le titre, était manifestement un roi. En fait, il fut même le premier roi de l’Histoire. — Genèse 10:8-12.

Il est vrai que nous ne disposons d’aucun vestige relatif à Nimrod ou à Amraphel. “Mebaragesi, roi de Kish, est le plus ancien dirigeant mésopotamien à propos duquel nous disposions d’inscriptions authentiques”, nous apprend la Nouvelle Encyclopédie britannique. C’est de Kish, antique Cité-État de Mésopotamie, que venait le terme sumérien par lequel on désignait un dirigeant, littéralement “grand homme”. Bien que décalée par rapport à la chronologie biblique, la date attribuée au règne de Mebaragesi se trouve à peu de chose près à l’intérieur des limites permises par le récit de la Bible. Mais le plus important est qu’elle situe l’origine de la domination humaine dans la même région de la terre que la Bible.

 

L’unité par la majorité d’un seul

On fait généralement remonter le début de la dynastie chinoise des Shang, ou Yin, à une époque comprise entre le XVIIIe et le XVIe siècle avant notre ère, mais, là encore, la datation est incertaine. Reste que la monarchie est la plus ancienne forme de gouvernement humain. Elle est également très répandue.

Le terme “monarque” vient des mots grecs monos (seul) et arkhein (commander). Dans une monarchie, l’autorité suprême est donc détenue par un seul individu qui sert lui-même comme chef permanent de l’État. Dans le cas d’une monarchie absolue, la parole du roi fait loi et le souverain constitue, si l’on peut dire, une majorité à lui seul.

Le régime monarchique a de tout temps été considéré comme un facteur d’homogénéisation de nations. John Mundy, historien spécialiste du Moyen Âge, explique que dans l’Europe médiévale la théorie politique “voulait que l’institution monarchique, parce qu’elle transcendait les partis, convienne aux vastes territoires divisés par des intérêts régionaux opposés”. Ces “vastes territoires” avaient souvent été acquis lors de guerres de conquête, car les rois étaient invariablement des chefs militaires. En fait, comme l’écrit l’historien W. Warren, la victoire militaire était “généralement considérée comme le critère par excellence d’un règne réussi”.

Ainsi, le régime monarchique a favorisé l’établissement de puissances mondiales comme l’Empire grec d’Alexandre le Grand, l’Empire romain des Césars et, plus récemment, l’Empire britannique. À l’époque où ce dernier était au faîte de sa puissance, au début du XXe siècle, un souverain unique dominait un quart environ de la population et des terres de la planète.

 

Royauté et religion

De nombreux rois de l’Antiquité revendiquaient la nature divine. L’historien George Sabine dit à ce propos: “À partir d’Alexandre, les rois hellénistiques furent inclus (...) dans le panthéon des cités grecques. La déification du roi devint en Orient une institution universelle, qui finit par être adoptée par les empereurs romains.” Selon le même auteur, cette croyance dans le caractère divin du roi a persisté en Europe “sous une forme ou une autre jusqu’à l’époque moderne”.

En Amérique centrale et en Amérique du Sud, les Aztèques et les Incas vivaient sous des régimes considérés comme des monarchies sacrées. En Asie, c’est seulement en 1946 que l’empereur du Japon Hirohito renonça à passer pour le 124e descendant humain de la déesse du soleil Amaterasu Omikami.

Même si tous les rois ne se prenaient pas pour des dieux, la plupart se targuaient au moins de bénéficier d’un appui divin. Cette position de représentant unique de Dieu sur la terre leur conférait un certain charisme sacerdotal. John Mundy explique que “l’idée antique qui associait la fonction de prêtre à celle de roi s’est propagée en Occident, faisant du prince le chef administratif de son Église et le responsable de l’apostolat”. Il s’agissait là d’un concept religieux “hérité à la fois du mariage constantinien de l’Église et de l’État [au IVe siècle de notre ère], et de l’adoption de la pensée néoplatonicienne par l’Église à la même époque”. La bénédiction religieuse accordée au moment du sacre conférait au règne du monarque une légitimité qui, autrement, lui aurait fait défaut.

C’est le roi Henri II d’Angleterre qui, en 1173, se présenta le premier comme “Roi par la grâce de Dieu”. Cette expression fut à l’origine de ce qui devint la royauté de droit divin, concept qui faisait du pouvoir royal une charge héréditaire en laissant entendre que Dieu manifestait son choix par la naissance. En 1661, Louis XIV, roi de France, fit de ce principe une application absolue en assumant seul la direction des affaires de l’État. L’opposition était à ses yeux un péché contre le Dieu dont il était le représentant. “L’État, c’est moi!”, aurait-il proclamé.

À peu près à la même époque, une idée similaire se faisait jour en Écosse. Alors qu’il n’était encore que Jacques VI d’Écosse, celui qui en 1603 deviendrait le roi Jacques Ier d’Angleterre écrivit: “Les rois sont appelés dieux (...) parce qu’ils sont assis sur le trône terrestre de DIEU et qu’ils doivent Lui rendre compte de leur administration.” On ignore dans quelle mesure cette croyance influença sa décision d’autoriser la traduction de la Bible en anglais, mais on en connaît le résultat: la Bible du roi Jacques, laquelle est aujourd’hui encore largement utilisée par les protestants anglophones.

 

L’âge des monarchies absolues

Avec le début du Moyen Âge, la monarchie devint la forme de gouvernement par excellence. Les rois établirent un mode de domination à la fois pratique et facile en déléguant une partie de leur autorité à de grands propriétaires terriens. À leur tour, ceux-ci instituèrent un système politique et militaire connu sous le nom de féodalité et consistant à donner de la terre à leurs vassaux en échange de certains services, militaires ou autres. Toutefois, plus les seigneurs devinrent puissants, plus le royaume se morcela.

Par ailleurs, le système féodal volait leur dignité et leur liberté aux paysans. Ceux-ci se trouvaient sous la férule des seigneurs, dont ils constituaient la principale source de revenus. L’accès à l’instruction et à la culture lui étant fermé, “le serf disposait de peu de droits lui permettant de s’opposer à la loi seigneuriale, lit-on dans une encyclopédie (Collier’s Encyclopedia). Il ne pouvait ni se marier, ni transmettre le bail de son lopin de terre, ni quitter le domaine seigneurial sans l’accord du seigneur”.

D’autres modes de domination avaient cours dans les monarchies absolues. Certains rois octroyaient des charges administratives, qu’ils retiraient par la suite s’ils le jugeaient bon. D’autres confiaient la direction des affaires locales à des institutions publiques qui gouvernaient par le droit coutumier et en exerçant des contraintes sociales. Bien qu’aucune de ces méthodes n’ait été satisfaisante, il se trouvait au XVIIe siècle des écrivains comme l’Anglais Robert Filmer et le Français Bossuet pour voir dans l’absolutisme la seule forme valable de gouvernement. Pourtant, les jours de l’absolutisme étaient comptés!

 

Des “dieux” réduits au rôle de figurants

Parallèlement à la croyance générale, selon laquelle les monarques n’avaient de compte à rendre qu’à Dieu, se développait depuis longtemps un courant qui souhaitait les voir soumis aux lois, aux coutumes et aux autorités humaines. Au XVIIIe siècle, “les monarques employaient une rhétorique différente de celle de leurs prédécesseurs du XVIIe siècle”, écrit un ouvrage de référence (The Columbia History of the World), qui ajoute toutefois que, “malgré la rhétorique, ils restaient des souverains”. Voilà pourquoi, “même si Frédéric le Grand se présentait comme le ‘premier serviteur de l’État’ et rejetait la notion de royauté de droit divin, il n’était pas disposé à abjurer le pouvoir”.

Cependant, les révolutions de 1688 en Angleterre et de 1789 en France sonnèrent la disparition quasi générale de l’absolutisme. Peu à peu, celui-ci fit place à des monarchies dont le pouvoir se trouva limité par des assemblées législatives ou constituantes, voire par les deux. Alors qu’au XIIe siècle, comme l’écrit l’historien W. Warren, “un règne dépendait encore de ce qu’un roi était capable d’en faire et de ce que ses sujets étaient prêts à accepter”, aujourd’hui la plupart des rois et des reines ne disposent plus que d’un pouvoir politique relativement limité.

Bien sûr, il reste dans le monde quelques monarques détenteurs d’un pouvoir considérable. Mais la majorité d’entre eux ont depuis longtemps perdu leur aura de “divinité” et se contentent d’un rôle de représentation comme symbole d’un pouvoir autour duquel les citoyens sont encouragés à se rassembler dans un esprit de loyauté. Par cette forme de monarchie, on cherche à conserver le côté unificateur de l’autocratie et à supprimer ses aspects négatifs en confiant le véritable pouvoir à un corps législatif.

Les monarchies constitutionnelles sont encore très populaires. Ainsi, en 1983, Krishna Prasad Bhattarai, responsable du Congrès népalais, un parti politique du Népal, a parlé de la monarchie ‘comme d’une protection contre le chaos’, disant que ‘le roi est indispensable au maintien de l’unité nationale’. En 1987, en France, alors qu’on préparait la célébration du bicentenaire de la Révolution , 17 % des personnes interrogées dans le cadre d’un sondage se sont prononcées en faveur d’un retour à la monarchie. Un membre d’un groupe royaliste a déclaré: “Le roi est le seul moyen d’unir la nation, divisée depuis si longtemps par les dissensions politiques.”

Toujours en 1987, la revue Time faisait ce constat: “La royauté appelle la fidélité, peut-être parce que les monarques sont les dernières grandes icônes de notre société sécularisée, les seuls personnages hors normes encore capables de stimuler la foi tout en restant entourés de mystère. Dieu est mort, mais longue vie à la reine!” Avec réalisme, la revue précisait toutefois que “le pouvoir souverain de la reine [d’Angleterre] réside principalement dans sa fastueuse impuissance”.

 

Trouvées insuffisantes

Les monarchies absolues ne détiennent pas la solution. Elles sont instables par nature. Tout dirigeant meurt tôt ou tard et doit être remplacé par un successeur qui sera choisi la plupart du temps, non pour ses hautes qualités morales ou ses grandes capacités, mais d’après des critères généalogiques. Comment être sûr qu’un fils sera aussi bon que son père? Et si le père était mauvais, qu’est-ce qui garantit que le fils sera meilleur?

Par ailleurs, comme le souligne Cristiano Grottanelli, “le choix d’un successeur royal” est souvent “régi par des règles imprécises, de sorte qu’une compétition s’instaure parfois entre les prétendants au trône. La période qui suit la mort d’un roi se caractérise donc généralement par un (énorme) chaos social, au sens propre comme au sens figuré”.

Par définition, la réussite d’une monarchie absolue dépend de l’efficacité de celui qui en est à la tête. Si ses talents et ses qualités se retrouvent dans sa façon de gouverner, ses faiblesses, ses limites et ses incompétences s’y retrouvent aussi. Être de sang royal ne vaccine pas contre l’imperfection. Les mauvais rois font les mauvaises gestions; les bons rois peuvent obtenir de meilleurs résultats, mais seul un roi parfait est en mesure d’établir la forme de gouvernement que l’humanité mérite et à laquelle elle aspire.

Les monarchies constitutionnelles ne détiennent pas plus la solution. Au Royaume-Uni, le siècle écoulé aura vu des rois et des reines d’Angleterre sans réel pouvoir présider au démantèlement du plus vaste et du plus puissant empire que le monde ait connu.

 

Une étoile différente

Les rois, comme les étoiles, se lèvent et disparaissent. À une exception près. Jésus Christ se présente comme “la racine et le descendant de David, et l’étoile brillante du matin”. (Révélation 22:16.) Étant un descendant direct du roi David, Jésus remplit les conditions requises pour être le roi du gouvernement de Dieu. “Étoile brillante du matin”, il est également l’“étoile du matin” qui, selon les paroles de Pierre, devait se lever et faire poindre le jour. — 2 Pierre 1:19; Nombres 24:17; Psaume 89:34-37.

Au vu de ce qui précède, est-il vraiment sage de chercher une direction auprès des étoiles en déclin que sont les monarchies humaines? La sagesse nous dicte plutôt de mettre notre espérance dans le Roi choisi par Dieu, Jésus Christ, “le Roi de ceux qui règnent en rois et le Seigneur de ceux qui dominent comme seigneurs, le seul [par rapport aux rois humains] qui possède l’immortalité”. (1 Timothée 6:15, 16.) Déjà installé comme roi invisible dans les cieux, il fera bientôt se lever l’aurore d’un monde nouveau. Cette étoile — ce roi — qui s’est levée ne disparaîtra jamais!

 

Que devient l’œuvre d’un roi humain, fût-il le meilleur, après sa mort?

 

La domination humaine - Partie 3 - Le ‘gouvernement par les meilleurs’ est-il réellement le meilleur?

Aristocratie: Forme de gouvernement où le pouvoir est détenu par la noblesse, par une minorité de privilégiés, ou par une élite censée être la plus qualifiée pour diriger le pays. Oligarchie: Régime politique dans lequel la souveraineté appartient à un petit groupe — de personnes ou de familles — qui, souvent, poursuit des objectifs égoïstes et malhonnêtes.

LA LOGIQUE voudrait que la meilleure forme de gouvernement soit celle qui résulte de l’association des meilleurs individus. Théoriquement plus instruits, plus qualifiés et plus compétents, ces derniers seraient les mieux placés pour exercer des fonctions de dirigeants. Un régime aristocratique ayant à sa tête une telle élite peut revêtir diverses formes: ploutocratie, gouvernement par les riches; théocratie, gouvernement par le clergé; bureaucratie, gouvernement par l’Administration.

Bon nombre de sociétés primitives dirigées par des anciens ou des chefs tribaux étaient des aristocraties. À un moment ou à un autre de leur histoire, Rome, l’Angleterre et le Japon — pour ne citer que ces trois — ont eu des gouvernements aristocratiques. Dans la Grèce antique, le terme “aristocratie” était utilisé en référence aux cités-États, ou poleis, qui étaient gouvernées par des groupes restreints. Souvent, la souveraineté était détenue par un ensemble de grandes familles, mais il arrivait qu’une seule de ces familles s’approprie le pouvoir par des moyens illégaux et instaure une forme de domination plus tyrannique.

À l’instar d’autres cités-États grecques, Athènes était au départ une aristocratie. Par la suite, l’évolution culturelle ayant dilué la notion de classe et engendré une certaine désunion, la ville fit l’expérience de la démocratie. Les citoyens de Sparte, ville fondée, pense-t-on, au IXe siècle avant notre ère, se trouvaient quant à eux sous une oligarchie militaire. La cité ne tarda pas à se poser en rivale de son aînée, Athènes; il s’ensuivit un affrontement dont l’enjeu était la suprématie sur le monde grec de l’époque. La domination par le grand nombre, telle qu’elle était exercée à Athènes, entrait ainsi en conflit avec la domination par quelques-uns, régime en vigueur à Sparte. L’opposition entre ces deux formes de régime ne constituait, bien sûr, qu’une facette de ce conflit complexe.

 

Perversion d’un idéal élevé

Les désaccords politiques alimentaient souvent les débats entre les philosophes grecs. Aristote, ancien élève de Platon, faisait une distinction entre l’aristocratie et l’oligarchie. Il considérait l’aristocratie pure comme une forme de gouvernement valable, un idéal élevé qui permettait à des individus dotés de capacités particulières et de grandes qualités morales de se consacrer à un service public pour le bien d’autrui. Par contre, quand elle avait à sa tête une élite oppressive et égoïste, cette aristocratie pure tombait dans l’oligarchie, forme de gouvernement que le philosophe tenait pour injuste et pervertie.

Tout en prônant la domination par ‘les meilleurs’, Aristote admettait que c’était probablement la combinaison de l’aristocratie et de la démocratie qui produirait les résultats souhaités, idée qui séduit toujours certains penseurs politiques. De fait, la Rome antique associa bel et bien ces deux formes de gouvernement avec un certain bonheur. À Rome, “la politique était l’affaire de tous”, explique l’Atlas Collins de l’histoire du monde (angl.), ajoutant que cela n’empêchait pas “les citoyens les plus riches et ceux qui avaient la chance d’être de haute naissance [de former] une oligarchie et de se partager les fonctions de magistrats, de chefs militaires et de prêtres”.

Même à la fin du Moyen Âge et au début de l’ère moderne, on trouvait encore en Europe des villes qui combinaient des éléments de démocratie et d’aristocratie. L’Encyclopédie Collier (angl.) déclare: “La très conservatrice République vénitienne, que Napoléon finira par renverser, offre l’exemple classique d’une telle oligarchie; mais les villes libres du Saint Empire romain, les cités de la Hanse teutonique, ainsi que les villes dotées d’une charte en Angleterre et en Europe occidentale, présentent la même tendance générale à une supervision étroite de type oligarchique par un patriciat [une aristocratie] relativement restreint, mais fier et très cultivé.”

On prétend, non sans raison, que les gouvernements sont aristocratiques par nature, car tous s’efforcent de confier les affaires de l’État aux gens les plus qualifiés. Le concept de “classe dirigeante” a contribué à renforcer cette opinion. Un ouvrage de référence le confirme en ces termes: “Classe dirigeante et élite deviennent des synonymes qui désignent en fait ce que Platon et Aristote présentaient comme un idéal.”

 

Qui sont ‘les meilleurs’?

Des siècles avant l’apparition des philosophes grecs, sous le règne de la maison royale des Zhou, une société féodale (reposant sur le système seigneurs/vassaux) apportait à la Chine une paix et une stabilité relatives. Toutefois, à partir de 722 avant notre ère, au cours de la période dite Chunqiu, l’affaiblissement progressif du système féodal permit finalement l’émergence d’une nouvelle élite composée des anciens “gentilshommes”, qui servaient dans les cours féodales, et des descendants de la vieille noblesse. Les membres de cette nouvelle élite s’installèrent aux postes clés du pays. Selon la Nouvelle Encyclopédie britannique, pour le grand sage chinois Confucius, c’était “la compétence et l’excellence morale, et non la naissance, qui rendaient un homme apte à diriger”.

Mais en Europe, plus de 2 000 ans plus tard, la détermination de l’élite (les mieux qualifiés pour tenir un rôle de dirigeant) ne se faisait guère sur la base de la ‘compétence et de l’excellence morale’. Carl Friedrich, professeur à l’Université Harvard, explique que “l’élite de l’Angleterre aristocratique du XVIIIe siècle avait pour principal fondement la naissance et la fortune. La situation était identique à Venise”. Et d’ajouter: “Dans certains pays, comme dans la Prusse du XVIIIe siècle, l’appartenance à l’élite reposait sur l’ascendance et les exploits militaires.”

L’idée selon laquelle les ‘meilleurs’ transmettaient leurs qualités à leur descendance permet de comprendre les coutumes anciennes relatives aux mariages des monarques. Au Moyen Âge, le concept de la supériorité biologique prévalait. Épouser une roturière, c’était diluer la noblesse de son clan et faire, du même coup, offense à la loi divine. Les monarques étaient donc tenus de se marier uniquement avec des personnes de haute naissance. Cette notion de supériorité biologique fut remplacée plus tard par une justification plus rationnelle, qui faisait dépendre la supériorité de circonstances favorables, de l’instruction, de divers talents ou réussites.

Le principe connu sous l’expression “noblesse oblige” avait pour but d’assurer le succès de l’aristocratie. Il impliquait “l’obligation d’avoir une conduite honorable, généreuse et responsable conforme à son rang ou à sa naissance”. En raison de leur “supériorité”, les nobles se devaient de veiller attentivement aux besoins d’autrui. Ce principe avait cours dans des aristocraties comme celle de Sparte, où les soldats avaient le devoir de faire passer les intérêts des autres avant les leurs, ou comme celle du Japon, au sein de la caste guerrière des samouraïs.

 

Trouvée insuffisante

Il n’est pas difficile de mettre en évidence les insuffisances de l’aristocratie. Dans la Rome antique, seuls les hommes de haute naissance, les patriciens, pouvaient être élus au Sénat. Le commun peuple, les plébéiens, n’avait pas ce droit. Toutefois, loin de cultiver ‘la compétence et l’excellence morale’ que Confucius cherchait chez des dirigeants, les sénateurs sombrèrent peu à peu dans la corruption et l’oppression. Il en résulta une guerre civile.

Malgré des réformes périodiques, cette oligarchie sénatoriale subsista au moins jusqu’à ce que Jules César instaure une dictature, quelques années avant d’être assassiné en 44 avant notre ère. À sa mort, le régime aristocratique fut restauré, mais en 29 avant notre ère il fut de nouveau remplacé. L’Encyclopédie Collier explique: “Au fur et à mesure que Rome avait acquis davantage de puissance, de richesse et de territoire, l’aristocratie était devenue une oligarchie corrompue, et la disparition progressive de l’esprit civique se reflétait dans la perte du respect que le peuple avait pour ses dirigeants. Son écroulement fit place à une monarchie absolue.”

Au cours des 12 siècles qui suivirent, l’Europe ne connut pour ainsi dire que des gouvernements qui, s’ils étaient monarchiques de nom, n’en étaient pas moins aristocratiques de fait. Avec le temps, les nombreux changements politiques, économiques et culturels modifièrent le système. Néanmoins, pendant toute cette période, et ce en dépit d’une tendance croissante au parasitisme, à l’extravagance, à l’arrogance et à la frivolité, l’aristocratie européenne ne perdit rien de sa puissance, conservant ses terres et sa mainmise sur l’armée.

Dans les années 1780, un coup sévère fut porté à l’aristocratie. Ayant à faire face à des problèmes de trésorerie, Louis XVI, roi de France, demanda aux aristocrates du pays de renoncer à certains privilèges fiscaux. Mais au lieu de soutenir le roi, les nobles tirèrent parti de ses difficultés dans l’espoir de miner la monarchie et de regagner une partie de leur puissance passée. Selon Herman Ausubel, professeur d’histoire à l’Université Columbia, “peu satisfaits d’un régime où le peuple était dirigé par le roi pour les aristocrates, [ceux-ci] voulaient un régime où le peuple serait dirigé par les aristocrates pour les aristocrates”. Cette attitude contribua à hâter la Révolution de 1789.

Ces événements provoquèrent des bouleversements radicaux qui débordèrent largement les frontières de la France. La noblesse perdit ses privilèges, le système féodal fut aboli, on adopta une Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, on mit en place une constitution et on émit des décrets pour limiter la puissance du clergé.

La domination par quelques-uns — fussent-ils censés être les meilleurs — avait été pesée dans la balance par beaucoup et trouvée insuffisante.

 

‘Les meilleurs’ sont finalement révélés

Le constat selon lequel ‘les meilleurs’ ne se montrent pas toujours à la hauteur de leur réputation met en relief l’une des principales faiblesses d’un ‘gouvernement par les meilleurs’, à savoir la difficulté de déterminer qui sont vraiment ‘les meilleurs’. Être riche, de haute naissance ou capable d’accomplir des exploits militaires ne suffit pas à faire de quelqu’un le plus qualifié pour un rôle de dirigeant.

Il n’est pas difficile d’établir qui sont les meilleurs médecins, les meilleurs cuisiniers ou les meilleurs cordonniers. Il suffit de considérer le fruit de leur travail. “En matière de gouvernement, la tâche n’est pas aussi aisée”, fait remarquer le professeur Friedrich. La difficulté vient de ce que les gens ne sont pas tous d’accord sur la forme que devrait revêtir un gouvernement et sur ce qu’il devrait accomplir. Par ailleurs, les objectifs d’un gouvernement changent continuellement. Ainsi, comme le dit le professeur Friedrich, “on ne sait jamais très bien qui constituerait l’élite”.

Pour qu’un ‘gouvernement par les meilleurs’ soit réellement le meilleur, il faudrait que l’élite soit choisie par quelqu’un ayant une connaissance suprahumaine et un jugement infaillible. Les élus devraient posséder une intégrité morale à toute épreuve et se dévouer corps et âme aux objectifs immuables du gouvernement auquel ils appartiennent. Leur volonté de faire passer les intérêts des autres avant les leurs ne devrait pas pouvoir être suspectée.

La Bible montre que Jéhovah Dieu a choisi une classe de personnes qui répond précisément à ces critères — son Fils Jésus Christ et quelques-uns de ses fidèles disciples — pour qu’ils gouvernent la terre pendant 1 000 ans (Luc 9:35; 2 Thessaloniciens 2:13, 14; Révélation 20:6). N’étant pas des humains faillibles, mais des créatures spirituelles infaillibles et immortelles, Jésus Christ et ses rois associés inonderont la terre de bénédictions — la paix, la sécurité et un bonheur durables — en même temps qu’ils ramèneront l’humanité à la perfection. Quel gouvernement humain, même dirigé par ‘les meilleurs’, pourrait en faire autant?

 

Oligarchie des temps modernes

  “Des tendances à l’oligarchie (...) ont été décelées au sein de toutes les grandes structures bureaucratiques des systèmes politiques avancés. La complexité grandissante de la société moderne et de sa gestion confère un pouvoir toujours plus important aux administrateurs et aux commissions d’experts. Même dans les régimes constitutionnels, on n’a pas trouvé de moyens vraiment satisfaisants pour rendre ces décideurs bureaucrates responsables de leurs actes et réduire leurs pouvoirs de manière effective sans, en même temps, mettre en danger l’efficacité et la rationalité de l’appareil de décision.” — La nouvelle Encyclopédie britannique.

 

Aristote pensait que la combinaison de l’aristocratie et de la démocratie constituerait la meilleure forme de gouvernement.

 

La domination humaine - Partie 4 – La démocratie

Démocratie: Gouvernement par le peuple, où celui-ci exerce sa souveraineté directement ou par l’intermédiaire de représentants élus.

“NOUS, LE PEUPLE des États-Unis (...) nous décrétons et nous établissons cette constitution.” Ces premiers mots du préambule de la constitution américaine sont appropriés, dans la mesure où les pères fondateurs souhaitaient que les États-Unis soient une démocratie. Dérivé d’un terme grec qui signifie “gouvernement du peuple”, le mot démocratie a été défini par Abraham Lincoln, 16e président des États-Unis, comme le “gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple”.

Souvent qualifiée de berceau de la démocratie, la Grèce s’enorgueillit de ce que la démocratie était déjà pratiquée dans ses cités-États, Athènes notamment, cinq siècles avant notre ère. Toutefois, la démocratie d’alors présentait une forme différente de celle d’aujourd’hui. Tout d’abord, les citoyens grecs participaient plus directement à la gestion de la cité. Tous les citoyens masculins étaient membres d’une assemblée qui se réunissait au cours de l’année pour discuter des problèmes du moment. C’est par un simple vote à la majorité qu’était arrêtée la politique de la cité, ou polis.

Par contre, les femmes, les esclaves et les étrangers ne possédaient aucun droit politique. La démocratie athénienne était donc une forme aristocratique de démocratie en ce qu’elle ne concernait qu’une minorité de privilégiés. Probablement entre 50 et 80 % de la population n’avaient pas voix au chapitre.

Reste que ce mode de gouvernement favorisait la liberté d’expression, puisque tout citoyen autorisé à voter avait le droit de faire connaître ses opinions avant que les décisions ne soient prises. Les fonctions politiques n’étaient pas l’apanage d’une élite, mais elles pouvaient être assumées par n’importe quel citoyen masculin. Un système de surveillance existait qui empêchait les abus de pouvoir de la part d’individus ou de groupes.

“Les Athéniens eux-mêmes étaient fiers de leur démocratie, dit l’historien D. Heater. Ils se jugeaient plus proches ainsi de la plénitude et de la perfection que sous une monarchie ou une aristocratie.” Il semblait donc que la démocratie ait pris un bon départ.

 

La démocratie sort de son berceau

À l’exception de ce qui est encore pratiqué dans quelques villes américaines de la Nouvelle-Angleterre et dans certains cantons suisses, la pure démocratie — la démocratie directe — n’existe plus. Il suffit de considérer la taille des pays modernes avec leurs millions d’habitants pour comprendre que ce mode de gouvernement serait techniquement impossible. De plus, dans le monde agité qui est le nôtre, combien de citoyens pourraient consacrer des heures à débattre de questions politiques?

La démocratie est devenue adulte, mais tout le monde n’en a pas la même idée, ce que montre le fait qu’elle revêt de multiples formes. Comme l’explique la revue Time, “il n’est pas possible de diviser le monde en deux blocs distincts: démocratique d’un côté et non démocratique de l’autre. Au sein des nations dites démocratiques, il existe divers degrés dans la liberté individuelle, le pluralisme et les droits de l’homme, au même titre qu’il existe dans les dictatures divers degrés de répression”. Il n’en demeure pas moins qu’on attend généralement d’un gouvernement démocratique qu’il défende un certain nombre de valeurs fondamentales, telles que la liberté individuelle, l’égalité, le respect des droits de l’homme et la justice par la loi.

À la démocratie directe d’autrefois a succédé la démocratie représentative. Ce système se caractérise par l’existence d’un corps législatif à une ou deux Chambres (monocaméralisme ou bicaméralisme), composé de membres élus par le peuple ou désignés d’une autre manière. Ces députés ont la responsabilité de voter des lois censées concourir au bien du peuple dont ils sont les représentants.

C’est au Moyen Âge que la démocratie représentative commença à faire son chemin. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, on accorda une plus grande signification à des institutions du XIIIe siècle comme la Grande Charte et le Parlement anglais, ainsi qu’aux théories politiques relatives à l’égalité entre les hommes, aux droits naturels et à la souveraineté du peuple.

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le terme “démocratie” était entré dans le langage courant. Tout scepticisme n’avait cependant pas disparu. La Nouvelle Encyclopédie britannique écrit à ce propos: “Même les auteurs de la constitution des États-Unis de 1787 étaient inquiets à l’idée de voir le peuple dans son ensemble participer à la vie politique. L’un d’eux, Elbridge Gerry, a parlé de la démocratie comme de ‘la pire des plaies politiques’.” Cela n’empêchait toutefois pas des hommes comme l’Anglais John Locke de continuer à soutenir qu’un gouvernement doit refléter la volonté du peuple, peuple dont il jugeait sacrés les droits naturels.

 

Républiques

Bon nombre de démocraties sont des républiques, c’est-à-dire des régimes ayant à leur tête un chef de l’État qui n’est pas un monarque, mais généralement un président. L’une des premières républiques de l’Histoire fut la Rome antique. Bien que la démocratie y fût restreinte, cette république subsista plus de 400 ans avant de céder la place à une forme de monarchie et à l’Empire romain.

La république est aujourd’hui le régime le plus représenté. Sur les 219 gouvernements et organisations internationales recensés dans un ouvrage de référence de 1989, on trouvait 127 républiques. Toutes ne sont pas des démocraties représentatives, car l’éventail des républiques est large.

Certaines se présentent sous la forme de systèmes unitaires, ce qui signifie qu’elles sont dirigées par un gouvernement central fort. D’autres sont des fédérations, le pouvoir se trouvant détenu par un gouvernement à deux niveaux. Comme leur nom l’indique, les États-Unis d’Amérique appartiennent à ce dernier système, lequel est connu sous le nom de fédéralisme. Le gouvernement national s’occupe des intérêts de la nation dans son ensemble, alors que le gouvernement de chaque État traite les questions locales. Bien sûr, cette définition générale autorise de nombreuses variantes.

Certaines républiques organisent des élections libres. Leurs citoyens peuvent également se voir proposer le choix entre plusieurs partis politiques et candidats. Dans d’autres républiques, on considère que les élections libres ne sont pas indispensables, dans la mesure où la volonté démocratique du peuple peut être satisfaite d’autres manières, par exemple en promouvant la propriété collective des moyens de production. Les Grecs de l’Antiquité offrent d’ailleurs un précédent puisqu’ils ne connaissaient pas les élections libres. Les administrateurs étaient tirés au sort et restaient en place généralement pour une durée de un ou deux ans seulement. Aristote désapprouvait les élections parce que, selon lui, en sélectionnant les “meilleurs” elles introduisaient des éléments d’aristocratie. Or, la démocratie était censée être le gouvernement de tout le peuple, et pas seulement des “meilleurs”.

 

Une supériorité toute relative?

Même dans l’Athènes antique la démocratie avait des adversaires. Platon était sceptique. Il jugeait le régime démocratique faible parce que confié à des ignorants qui se laissaient facilement influencer par les belles paroles des démagogues. Pour Socrate, la démocratie n’était rien de plus qu’un gouvernement de la populace. Quant à Aristote, le troisième grand philosophe grec, il affirmait, selon le livre Histoire de l’idéologie politique (angl.), que “plus une démocratie devient démocratique, plus elle tend à être gouvernée par la foule, (...) dégénérant en tyrannie”.

D’autres ont exprimé les mêmes doutes. Jawaharlal Nehru, ancien premier ministre de l’Inde, jugeait la démocratie bonne, mais il infléchit sa position par ces mots: “Je dis cela parce que d’autres systèmes sont pires.” William Inge, prélat et écrivain anglais, a écrit pour sa part: “La démocratie est une forme de gouvernement que l’on peut raisonnablement qualifier, non de bonne, mais de moins mauvaise que n’importe quelle autre.”

La démocratie présente plusieurs points faibles. Tout d’abord, son succès dépend de la disposition d’individus à faire passer les intérêts de la majorité avant les leurs. Cela peut impliquer de soutenir des mesures fiscales ou d’autres lois profitables à l’ensemble de la nation, mais déplaisantes sur le plan personnel. Force est de constater qu’un tel désintéressement s’observe rarement, y compris chez les nations démocratiques dites chrétiennes.

Un autre point faible a été mis en évidence par Platon. Selon l’Histoire de l’idéologie politique, il dénonçait “l’ignorance et l’incompétence des hommes politiques, une calamité propre aux démocraties”. Bon nombre de professionnels de la politique déplorent qu’il soit aussi difficile de trouver des gens qualifiés pour entrer dans un gouvernement. Les élus eux-mêmes ne sont parfois guère plus que des amateurs en matière de politique. Par ailleurs, du fait de l’importance prise par la télévision aujourd’hui, un candidat peut, par son physique ou son charisme, gagner des voix que ses talents d’administrateur ne lui auraient jamais apportées.

La lenteur est un autre inconvénient évident des démocraties. Un dictateur n’a qu’à donner des ordres, et les choses se font immédiatement. À l’intérieur d’une démocratie, les démarches sont parfois freinées par des débats sans fin. Bien entendu, il peut être des plus profitable de traiter à fond certains sujets controversés. Mais comme l’a fait remarquer un jour Clement Attlee, ancien premier ministre de Grande-Bretagne, “la démocratie, c’est le gouvernement par la discussion, mais ce n’est efficace que si l’on arrive à faire en sorte que le peuple arrête de parler”.

Même une fois que le peuple s’est tu, il n’est pas toujours certain que les décisions prises soient vraiment représentatives de la volonté populaire. Quelles convictions les députés expriment-ils par leurs votes? Celles de la majorité de leurs électeurs ou les leurs? Ou bien ont-ils tendance à suivre sans discuter la ligne officielle de leur parti?

Le principe démocratique d’un système de contrôle visant à prévenir la corruption est considéré comme une bonne idée. Reste qu’il n’est guère efficace. En 1989, la revue Time a dénoncé une “corruption gouvernementale à tous les niveaux”, qualifiant l’un des principaux gouvernements démocratiques du monde de “géant bouffi, incompétent et impotent”. Le président d’une commission créée au milieu des années 80 pour enquêter sur les gaspillages d’un autre gouvernement a fait ce constat: “La gestion du gouvernement est abominable.”

Pour ces raisons et pour bien d’autres, il est difficile de voir dans la démocratie un régime idéal. Comme le faisait observer John Dryden, poète anglais du XVIIe siècle, il est sûr qu’“on se trompe aussi grossièrement à beaucoup qu’à quelques-uns”. Malgré sa dureté, la remarque suivante de l’écrivain américain Henry Miller n’en reflète pas moins la réalité: “L’aveugle guide l’aveugle. C’est la voie de la démocratie.”

 

Va-t-elle à sa fin?

La démocratie a reçu plus de suffrages au XXe siècle qu’à aucune autre époque. Les récents soulèvements survenus en Europe de l’Est sont là pour le confirmer. Pourtant, “la démocratie libérale est aujourd’hui mal en point”, écrivait le journaliste James Reston il y a quelques années. Pour Daniel Moynihan, la “démocratie libérale n’est pas une idéologie qui monte”, et “les démocraties semblent disparaître”. D’après l’historien Alexander Tyler, un gouvernement démocratique ne peut subsister de façon permanente parce qu’“il finit par s’effondrer à cause d’une mauvaise politique fiscale”. Bien sûr, on peut ne pas partager cette opinion.

Quoi qu’il en soit, la démocratie perpétue incontestablement la tendance qui est apparue en Éden lorsque les humains décidèrent de vivre comme ils le jugeaient bon, abandonnant les voies de Dieu. Elle constitue un sommet en matière de domination humaine, dans la mesure où elle vise, du moins en théorie, à faire participer tout le monde à la vie politique. Toutefois, le dicton latin Vox populi, vox Dei — “voix du peuple, voix de Dieu” — est faux. Dès lors, ceux qui sont partisans de cette forme de domination humaine qu’est la démocratie doivent être prêts à assumer la responsabilité de ses réalisations. —

1 Timothée 5:22 « Ne pose hâtivement les mains sur aucun homme ; ne participe pas non plus aux péchés des autres ; conserve-toi pur. »

Cela est d’autant plus vrai depuis 1914. En cette année décisive, Dieu a établi son autorité d’une façon toute particulière. Son Royaume messianique est aujourd’hui sur le point de prendre en main les affaires de la terre. Pour toutes les formes de gouvernement humain — y compris les démocraties —, l’heure du bilan est arrivée. Quiconque soutient l’un de ces régimes est pesé avec lui dans la balance de la justice divine. —

Daniel 2:44 “ Et aux jours de ces rois-là, le Dieu du ciel établira un royaume qui ne sera jamais supprimé. Et le royaume ne passera à aucun autre peuple. Il broiera tous ces royaumes et y mettra fin, et lui-même subsistera pour des temps indéfinis »

 

Révélation 19:11-21 « Et j’ai vu le ciel ouvert, et regardez ! un cheval blanc. Et celui qui était assis dessus s’appelle Fidèle et Véridique, et il juge et fait la guerre avec justice. 12 Ses yeux sont une flamme de feu et sur sa tête sont de nombreux diadèmes. Il a un nom écrit que personne ne connaît, sauf lui, 13 et il est revêtu d’un vêtement de dessus aspergé de sang, et le nom dont on l’appelle est La Parole de Dieu. 14 Et les armées qui étaient dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, et elles étaient vêtues de fin lin, blanc [et] pur. 15 Et de sa bouche sort une longue épée aiguisée, pour qu’il puisse frapper avec elle les nations, et il les fera paître avec un bâton de fer. Il foule aussi le pressoir à vin de la fureur de la colère de Dieu le Tout-Puissant. 16 Et sur son vêtement de dessus, oui sur sa cuisse, il a un nom écrit : Roi des rois et Seigneur des seigneurs. 17 J’ai vu aussi un ange qui se tenait debout dans le soleil, et il a crié d’une voix forte et il a dit à tous les oiseaux qui volent au milieu du ciel : “ Venez ici, rassemblez-vous pour le grand repas de Dieu, 18 pour que vous mangiez les chairs de rois, et les chairs de commandants, et les chairs d’hommes forts, et les chairs de chevaux et de ceux qui sont assis dessus, et les chairs de tous, hommes libres et esclaves, petits et grands. ” 19 Et j’ai vu la bête sauvage et les rois de la terre et leurs armées rassemblés pour faire la guerre à celui qui était assis sur le cheval et à son armée. 20 Et la bête sauvage a été attrapée, et avec elle le faux prophète qui a accompli devant elle les signes par lesquels il a égaré ceux qui ont reçu la marque de la bête sauvage et ceux qui adorent son image. Alors qu’ils étaient encore vivants, ils ont été jetés tous les deux dans le lac de feu embrasé de soufre. 21 Mais le reste a été tué par la longue épée de celui qui était assis sur le cheval, [épée] qui sortait de sa bouche. Et tous les oiseaux se sont rassasiés de leurs chairs. »

 

“Il n’appartient pas à l’homme qui marche de diriger son pas.” — Jérémie 10:23.

 

“Tel chemin paraît droit à quelqu’un, mais en fin de compte c’est le chemin de la mort.” — Proverbes 14:12, “Jérusalem”.

 

La domination humaine - Partie 5 - Le pouvoir absolu

Autocratie: Forme de gouvernement où l’autorité est exercée par un souverain détenteur d’un pouvoir sans limites. Autoritarisme: Usage du pouvoir sans consentement des administrés; moins extrémiste que le totalitarisme. Dictature: Régime ayant à sa tête un dirigeant dont le pouvoir absolu n’est limité ni par la loi ni par aucun corps officiel. Totalitarisme: Concentration de tous les pouvoirs entre les mains d’un corps autocratique; l’assujettissement des citoyens à l’autorité de l’État est presque total.

PARCE QU’ILS tendent à tout superviser et à brimer la liberté individuelle, les régimes autoritaires font spontanément penser à des qualificatifs comme “oppressif”, “tyrannique” ou “despotique”. Fortement nationalistes, ils se caractérisent en outre par une mainmise sur l’ensemble des secteurs du gouvernement, par une surveillance étroite de la population et par l’interdiction de toute activité n’allant pas dans le sens des intérêts nationaux, aussi inoffensive soit-elle. Force est malheureusement de constater que les gouvernements autoritaires n’ont pas manqué au cours de l’Histoire.

 

Une question de nuances

Selon la World Book Encyclopedia, “le régime russe des tsars devint presque une autocratie absolue”. Tel n’est cependant pas le cas de tous les gouvernements autoritaires; il existe une palette de nuances dans l’autoritarisme. De même, tous les gouvernements autoritaires ne sont pas systématiquement de type autocratique, c’est-à-dire dirigés par un seul individu, qu’il s’agisse d’un tsar ou d’un dictateur. Certains ont à leur tête un groupe, une junte militaire par exemple, ou bien une élite oligarchique ou ploutocratique.

Même les démocraties peuvent verser dans l’autoritarisme. Malgré le pluralisme des partis, l’organisation d’élections, l’existence de cours de justice et le fonctionnement d’un corps législatif (un parlement par exemple), dont elles se vantent, on a bel et bien affaire à un régime autoritaire si toutes ces institutions sont aux ordres du gouvernement. Cette situation n’était d’ailleurs pas obligatoirement voulue au départ. Il arrive en effet qu’en temps de guerre ou en raison de troubles dans le pays, il faille confier au gouvernement des pouvoirs extraordinaires qui, une fois la crise passée, ne sont pas restitués.

Les monarchies sont, à des degrés divers, de nature autoritaire. Toutefois, les monarchies absolues ont pour la plupart été remplacées par des monarchies tempérées. De nos jours, des assemblées législatives et parfois des constitutions restreignent l’autorité monarchique, et avec elle l’exercice de l’autoritarisme. De ce fait, le citoyen jouit d’une liberté individuelle beaucoup plus importante dans les monarchies tempérées d’aujourd’hui que dans les monarchies absolues d’hier.

Au demeurant, même au temps de leur splendeur, les monarchies absolues ne détenaient qu’un pouvoir limité. Selon Orest Ranum, professeur d’Histoire, “la plupart des rois n’avaient d’un Hitler, d’un Mussolini ou d’un Staline ni le tempérament ni la puissance nécessaires pour tenir leurs sujets dans une soumission totale ou pour écraser des minorités raciales ou culturelles”. À l’évidence, la présence — ou l’absence — chez un roi de belles qualités ou de principes moraux élevés était déterminante. Quoi qu’il en soit, d’après M. Ranum “aucune monarchie absolue n’atteint le degré de centralisation culturelle et économique du totalitarisme moderne”.

 

La recherche du pouvoir total

Au cours des années 20 et 30 apparut brusquement en Italie, en Union soviétique et en Allemagne un type de gouvernement autoritaire d’un genre tout à fait nouveau; tellement nouveau qu’il fallut inventer un nom adéquat. Dans les pays en question, les médias passèrent sous le contrôle de l’État, et la police cessa d’être un service public pour se mettre à la solde du parti politique dirigeant. La propagande, la censure, l’embrigadement, la surveillance par la police secrète et même la force furent utilisés pour museler l’opposition. Les citoyens furent contraints d’adopter l’idéologie politique et sociale du régime. Toute insoumission était considérée comme une trahison. On jugea que le terme “totalitarisme” décrivait bien ce type d’État qui poursuivait ses objectifs en tenant la population tout entière sous sa coupe.

Voici ce qu’on lit dans la revue allemande Informationen zur politischen Bildung (Renseignements pour la formation politique): “Contrairement à un régime autoritaire, l’État qui recherche le pouvoir total ne se contente pas de prendre le contrôle des postes clés du pouvoir. Il refuse d’octroyer aux citoyens une liberté même relative, exigeant d’eux une allégeance et un soutien doctrinal actif de tous les instants. Ces exigences absolues obligent l’État totalitaire à intervenir dans des domaines de la vie d’où l’État est habituellement absent, comme la famille, la religion et le temps libre. Pour arriver à ses fins, l’État totalitaire est obligé de mettre en place un réseau capable de surveiller chaque individu en permanence.”

Bien sûr, pour ce qui est de l’État et de ses intérêts, un gouvernement totalitaire est extrêmement efficace. Mais, selon le journaliste Charles Krauthammer, son maintien au pouvoir est impossible, pour la simple raison qu’il a trop de choses à surveiller. “Sur de courtes périodes de temps, on peut emprisonner, voire abattre des gens, explique-t-il, mais au bout d’un moment, les balles, les prisons, l’énergie et même les victimes viennent à manquer. (...) L’idéal totalitaire n’est viable que dans la révolution permanente, et la révolution permanente est impossible. Même la tyrannie a besoin de souffler.”

 

Conséquence de la ‘société de masse’?

On a échafaudé diverses théories pour expliquer pourquoi l’autoritarisme, et notamment sa forme la plus extrémiste et la plus efficace, le totalitarisme, a été si présent au XXe siècle. D’après The World Book Encyclopedia, “les deux premiers tiers du XXe siècle ont été une période de grands changements, peut-être les plus rapides et les plus étendus de toute l’Histoire”. Voilà qui a sans aucun doute un rapport étroit avec la vague d’autoritarisme qui a déferlé à notre époque.

Des phénomènes modernes comme l’explosion démographique, l’urbanisation et le développement technologique ont contribué à l’apparition de ce qu’on appelle la société de masse. Cette expression désigne une société industrielle caractérisée par des institutions imposantes, centralisées, bureaucratiques et impersonnelles, une société au sein de laquelle les relations humaines ont tendance à être furtives et superficielles. Noyés dans la masse, des individus solitaires sont constamment à la recherche de leurs racines et d’une certaine convivialité.

Dans quelle mesure la société de masse a-t-elle favorisé la montée du totalitarisme? Les avis sont partagés. La politologue d’origine allemande Hannah Arendt, aujourd’hui décédée, pensait, quant à elle, que son influence a été considérable. Dans son livre Les origines du totalitarisme, elle fait remarquer que le totalitarisme repose, non sur des classes, mais sur des masses de gens qui, “du fait même de leur nombre, de l’indifférence ou d’une combinaison des deux, ne s’intègrent ni dans les associations d’utilité publique, ni dans les partis politiques, ni dans les conseils municipaux, ni dans les groupements corporatifs, ni dans les syndicats”.

Parmi les autres facteurs responsables, selon elle, de la montée du totalitarisme, elle mentionne: l’impérialisme, l’antisémitisme et la désintégration du concept traditionnel de l’État-nation.

 

L’impérialisme?

La fin du XIXe siècle vit une résurgence du colonialisme. L’économiste britannique John Hobson situe entre 1884 et 1914 la période dite aujourd’hui du nouvel impérialisme. Il s’est agi ni plus ni moins de la part de gouvernements monarchiques ou démocratiques de faire un usage autoritaire de leur puissance pour étendre leurs empires — soit directement, par conquête, soit indirectement, par la prise en main des affaires politiques et économiques des pays. Pour John Hobson, l’impérialisme répondait avant tout à un besoin économique. De fait, cette nouvelle forme de colonialisme s’intéressait souvent moins au pouvoir politique qu’à l’expansion économique et à l’ouverture de nouveaux marchés pour les produits de la mère patrie.

Nulle part cela ne fut plus visible que dans ce qu’on appellerait la ruée vers l’Afrique. Au début des années 1880, la Grande-Bretagne , la France et le Portugal possédaient déjà de nombreuses colonies africaines. Mais lorsque la Belgique et l’Allemagne commencèrent à lorgner à leur tour de ce côté, ce fut la ruée. À l’exception de l’Éthiopie et du Liberia, tout le continent africain se retrouva bientôt sous domination européenne. Les Noirs d’Afrique ne purent empêcher les colons “chrétiens” blancs de les déposséder de leurs terres.

Les États-Unis d’Amérique devinrent à leur tour une puissance impérialiste. À la fin du XIXe siècle, ils prirent possession de l’Alaska, de Hawaii, des Philippines, de Guam, des Samoa et d’autres îles du Pacifique, ainsi que de Porto Rico et d’autres îles des Antilles. Voici un commentaire des plus intéressants fait par Henry Graff, professeur d’histoire à l’Université Columbia: “L’activité des missionnaires chrétiens eut autant d’influence que celle des publicitaires dans l’impérialisme moderne.” Néanmoins, si ces missionnaires de la chrétienté s’étaient comportés en véritables chrétiens, ils seraient restés neutres sur le plan politique — aussi bien lors de la ruée vers l’Afrique qu’à l’occasion d’autres mouvements coloniaux —, conformément à ces paroles de Jésus: “Ils ne font pas partie du monde, comme je ne fais pas partie du monde.” — Jean 17:16

Jacques 4:4 « Femmes adultères, ne savez-vous pas que l’amitié pour le monde est inimitié contre Dieu ? Celui donc qui veut être ami du monde se constitue ennemi de Dieu »

Si cette ère d’impérialisme est censée avoir pris fin en 1914, l’esprit autoritaire qui la caractérise a, lui, survécu. Cet esprit trouvait sa parfaite incarnation en Cecil Rhodes, premier ministre dans les années 1890 de ce qui est à présent une partie de l’Afrique du Sud. “L’expansion est partout”, affirmait-il. Ardemment désireux d’étendre l’Empire britannique, il s’est vanté un jour en ces termes: “J’annexerais toute la planète si je pouvais.” C’est le même égoïsme, cette volonté de servir leurs seuls intérêts, qui incite aujourd’hui encore certains États à exercer la plus grande influence possible sur la politique et l’économie d’autres pays. Ainsi, le Japon, qui n’a pu vaincre par les armes, est parfois accusé de vouloir “conquérir” par l’économie.

 

La solution réside-t-elle dans le renversement des régimes autoritaires?

Un pouvoir sans limites exercé par des hommes cupides et sans scrupules est une calamité, pas une bénédiction. La constatation suivante du roi Salomon est donc on ne peut plus vraie: “Voici, les larmes de ceux qui étaient opprimés, mais ils n’avaient pas de consolateur; et du côté de leurs oppresseurs il y avait la puissance, de sorte qu’ils n’avaient pas de consolateur.” — Ecclésiaste 4:1.

Sous les régimes autoritaires, ‘les larmes des opprimés’ coulent effectivement en abondance. En 1987, Mikhaïl Gorbatchev a toutefois écrit dans son livre Perestroïka: “Il est toujours possible de supprimer, contraindre, corrompre, briser ou détruire, mais seulement durant une période limitée.” En effet, bien que la force ait été “du côté de leurs oppresseurs”, des peuples ont brisé le joug de gouvernements autoritaires à maintes reprises dans l’Histoire. La Roumanie en a offert un exemple en décembre dernier avec le renversement sanglant de Nicolae Ceauşescu et de ses forces de sécurité ( la Securitate ).

Certes, la mise à bas d’un régime autoritaire peut améliorer la situation. Toutefois, comme le dit un proverbe birman, “ce n’est qu’avec un nouveau dirigeant qu’on prend conscience de la valeur de l’ancien”. Qui peut garantir en effet qu’au mauvais ne succédera pas le pire?

Pour ne citer qu’un exemple, voyez ce qui s’est passé dans un pays d’Amérique latine où un régime autoritaire avait été renversé. La population plaça de grands espoirs dans les nouveaux dirigeants. Mais quels furent les résultats? Décrivant la situation dix ans plus tard, un journal rapportait que la misère s’était “peut-être encore accentuée”. En raison de l’inflation galopante, la monnaie nationale était “quasiment sans valeur”. La revue déplorait par ailleurs les carences des services de santé et signalait les décès de plus en plus nombreux dus à la malnutrition. Avec le temps, le gouvernement en place fut, à son tour, dépossédé du pouvoir.

N’est-il pas évident que la domination humaine sous toutes ses formes a échoué? Pourtant, les hommes continuent à chercher le gouvernement idéal. Dans notre prochain numéro, nous nous arrêterons sur deux exemples frappants de la déception à laquelle cette quête peut conduire lorsque des nations entières se trouvent plongées dans le plus profond désespoir sans que se trouve le moindre “consolateur”.

 

La Russie des tsars est un exemple d’autocratie presque absolue.

 

La domination humaine - Partie 6 Fascisme et Nazisme

Fascisme: Régime dictatorial caractérisé par une économie dirigée, une discipline sociale très stricte et un nationalisme guerrier.

Nazisme: Le fascisme tel qu’il était interprété par le parti ouvrier allemand national-socialiste sous Hitler.

LE TERME “fascisme” évoque généralement dans les esprits des groupes de combat italiens en chemises noires ou des sections d’assaut allemandes en uniformes bruns arborant la croix gammée (le svastika). Toutefois, l’Italie et l’Allemagne ne sont pas les seuls pays à avoir fait l’expérience du fascisme.

Les années 30 virent une montée du fascisme en Hongrie, en Roumanie et au Japon. Durant la guerre civile d’Espagne, le soutien des fascistes aida Francisco Franco à devenir le maître du pays. La plupart des historiens ne considèrent pas pour autant sa dictature (1939-1975) comme ayant été un régime véritablement fasciste par nature. Par contre, celle qu’établit Juan D. Perón en Argentine (1943-1955) l’était bel et bien.

 

Le culte de l’État

Le mot “fascisme” vient de l’italien fascio et se rapporte à un symbole d’autorité utilisé dans la Rome antique. Appelé fasces en latin, il s’agissait d’une gerbe de verges d’où dépassait le fer d’une hache, symbole approprié de l’unité du peuple placé sous l’autorité suprême de l’État.

Bien que le fascisme remonte sous certains aspects à l’époque de Nicolas Machiavel, ce n’est pas avant 1919, soit 450 ans après la naissance de celui-ci, que le terme fascisme fut employé pour la première fois par Benito Mussolini. La corruption qui régnait dans les milieux politiques, affirmait Machiavel, ne pouvait être éliminée que par un dirigeant autoritaire, impitoyable, mais néanmoins perspicace.

C’est précisément d’un tel dirigeant — fort, opportuniste et doté d’un certain charisme — dont a besoin un régime fasciste pour fonctionner. D’ailleurs, Mussolini et Hitler n’étaient-ils pas appelés respectivement Il Duce et der Führer, c’est-à-dire “le conducteur”?

Le fascisme élève l’État au-dessus de toute autorité, qu’elle soit religieuse ou civile. Jean Bodin, juriste français du XVIe siècle, Thomas Hobbes, philosophe anglais du XVIIe siècle, ainsi que les philosophes allemands des XVIIIe et XIXe siècles Johann Gottlieb Fichte, Georg Wilhelm Friedrich Hegel et Heinrich von Treitschke, glorifiaient tous l’État. Hegel enseignait que celui-ci occupe une position suprême et que le devoir ultime de l’individu est d’en être le fidèle défenseur.

De par nature, tout gouvernement doit exercer l’autorité. Mais les États fascistes sont organisés de manière à l’exercer à son plus haut degré, réclamant une obéissance aveugle. Considérant les humains comme guère plus que des esclaves de l’État, Treitschke disait: “Peu importe ce que vous pensez, du moment que vous obéissez.” Ainsi, le fascisme remplaça le cri “Liberté, égalité, fraternité” lancé lors de la Révolution française par le slogan italien “Croire, obéir, combattre”.

 

La glorification de la guerre

Combattre? En effet. “Seule la guerre porte à leur plus haut degré l’ensemble des énergies humaines et confère la noblesse aux peuples qui ont le courage de la mener à bonne fin”, a déclaré un jour Mussolini. Et d’ajouter: “La guerre est à l’homme ce que la maternité est à la femme.” Il qualifiait la paix perpétuelle de “déprimante”, parlant d’elle comme d’“une négation de toutes les vertus fondamentales de l’homme”. Par ces mots, Mussolini ne faisait que reprendre la pensée de Treitschke, qui affirmait que la guerre est une nécessité et que la bannir du monde ne serait pas seulement profondément immoral, mais “causerait l’atrophie de nombreuses forces essentielles et sublimes de l’âme humaine”.

Sur ce fond de guerre et de dictature, doit-on s’étonner que nombre d’historiens fassent remonter le fascisme moderne aux jours de Napoléon Ier? Certes, ce dictateur du début du XVIIe siècle n’était pas fasciste. Reste que bien des aspects de sa politique, tels que l’établissement d’une police secrète et l’utilisation habile d’une presse censurée et propagandiste, furent adoptés plus tard par les fascistes. Par ailleurs, sa détermination à rendre à la France sa gloire passée est assurément représentative du souci obsessionnel de grandeur nationale par lequel les dirigeants fascistes se sont distingués.

En 1922, les fascistes étaient déjà suffisamment puissants pour que Mussolini soit nommé à la fonction de premier ministre; une position dont il allait bientôt se servir pour se hisser au rang de dictateur. Pour ce qui touchait aux salaires, aux heures de travail et aux objectifs de production, les entreprises industrielles privées étaient soumises à un contrôle gouvernemental strict. En fait, on encourageait la libre entreprise seulement dans la mesure où elle servait les intérêts du gouvernement. Les partis politiques autres que le parti fasciste étaient interdits, de même que les syndicats. L’État manipulait adroitement les médias, réduisant au silence les opposants par la censure. On s’attachait particulièrement à endoctriner les jeunes, et la liberté individuelle était considérablement restreinte.

 

Le fascisme à la mode allemande

“Bien qu’ils aient eu leur heure de gloire en même temps, dit A. Cassels dans son livre Le fascisme (angl.), le fascisme italien et le nazisme allemand différaient nettement quant à leur nature et à leur vision de l’avenir.”

Outre les philosophes allemands déjà mentionnés qui furent les précurseurs de la pensée fasciste, d’autres de leurs compatriotes et homologues, tel Friedrich Nietzsche au XIXe siècle, contribuèrent à la création d’un fascisme allemand. Non pas que Nietzsche fût fasciste, mais il se prononçait en faveur d’une élite dirigeante, d’une race de surhommes. Il ne pensait toutefois ni à une race ni à une nation en particulier, et encore moins aux Allemands, pour lesquels il n’avait pas d’attirance spéciale. Néanmoins, certaines de ses idées étaient proches de la vision que les idéologues du national-socialisme avaient de l’Allemand idéal. Ceux-ci se les approprièrent donc, tout en rejetant celles qui ne correspondaient pas à la doctrine nazie.

Hitler fut également fortement influencé par le compositeur allemand Richard Wagner. Nationaliste et patriote fervent, Wagner croyait l’Allemagne investie d’une grande mission dans le monde. “Pour Hitler et les idéologues nazis, Wagner était le héros parfait”, lit-on dans l’Encyclopédie du Troisième Reich (angl.). Suit cette explication: “Le compositeur incarnait la grandeur de l’Allemagne. Aux yeux de Hitler, la musique de Wagner justifiait le nationalisme allemand.”

L’auteur William Shirer dit quant à lui: “Cependant, ce ne sont pas les écrits politiques de Wagner, mais ses admirables opéras, évocateurs de façon si vivante de l’antique Germanie, avec ses légendes héroïques, ses dieux païens et ses héros guerriers, ses démons et ses dragons, ses luttes sanglantes, ses mœurs et ses conventions primitives, son sens du destin, de l’amour splendide de la vie et de la noblesse de la mort, qui inspirèrent les mythes de l’Allemagne moderne et lui donnèrent sa Weltanschauung [en français: vision du monde] germanique, dont Hitler et ses nazis purent non sans quelque justification s’emparer.”

La pensée de Nietzsche et celle de Wagner avaient été modelées par le comte Joseph Arthur de Gobineau, diplomate et ethnologue français qui, entre 1853 et 1855, avait écrit son Essai sur l’inégalité des races humaines. Il affirmait que la composition de la race déterminait le sort des civilisations; aussi lançait-il cet avertissement: diluer les caractères raciaux des sociétés aryennes se solderait à terme par leur déclin.

Le racisme et l’antisémitisme qui naquirent de ces idées constituaient des particularismes du fascisme allemand, ces deux théories étant moins marquées en Italie. En fait, les manifestations d’antisémitisme dans ce dernier pays furent considérées par nombre d’Italiens comme une indication que Hitler était en train de remplacer Mussolini comme figure de proue du fascisme. L’influence de Hitler sur le fascisme italien allait d’ailleurs s’accentuer.

Fascistes italiens et allemands souhaitaient faire de leur pays une grande nation, mais ils prenaient pour cela deux directions opposées. “Là où Mussolini aurait exhorté ses compatriotes à imiter les Romains de l’Antiquité, explique A. Cassels, la révolution spirituelle nazie visait à inciter les Allemands non seulement à agir comme les géants teutons de jadis, mais à se faire la réincarnation de ces héros tribaux au XXe siècle.” En d’autres termes, l’Italie, en retard sur le plan industriel, souhaitait reconquérir sa gloire passée en entrant dans le XXe siècle. Par contre, l’Allemagne cherchait à reconquérir la sienne en se repliant sur un passé mythique.

 

Les raisons de leur arrivée au pouvoir

Dans la plupart des pays, les fascistes sont parvenus au pouvoir à la suite d’un désastre national, d’une faillite de l’économie ou d’une défaite militaire. Cela s’est vérifié en Italie comme en Allemagne. Bien que rivales durant la Première Guerre mondiale, ces nations sortirent toutes deux très affaiblies du conflit, minées par le mécontentement des nationalistes, le marasme économique et le durcissement de la lutte des classes. L’Allemagne connaissait une inflation galopante, et le nombre de chômeurs montait en flèche. La démocratie battait de l’aile, toujours entravée qu’elle était par le militarisme et l’autoritarisme séculaires de la Prusse. En outre, le spectre du bolchevisme soviétique était omniprésent.

Le concept de l’évolution et de la sélection naturelle avancé par Charles Darwin fut un autre facteur décisif dans la montée du fascisme. L’ouvrage The Columbia History of the World parle de la “revivification du darwinisme social dans les idéologies fascistes, tant de Mussolini que de Hitler”.

L’Encyclopédie du Troisième Reich appuie cette vision des faits en expliquant que le darwinisme social était “l’idéologie qui sous-tendait la politique hitlérienne du génocide”. Dans la droite ligne des enseignements darwiniens de l’évolution, “les idéologues allemands soutenaient que l’État moderne, plutôt que de consacrer son énergie à protéger les faibles, devait rejeter ses citoyens inférieurs au profit des éléments forts et en bonne santé”. Ils affirmaient que la guerre est un processus normal dans la lutte pour la survie du plus adapté, que “la victoire revient au fort et que le faible doit être éliminé”.

 

La leçon a-t-elle porté?

Les Chemises noires ont disparu d’Italie, de même que les sections d’assaut allemandes en uniformes bruns arborant la croix gammée. Pourtant, des vestiges du fascisme subsistent en 1990. Il y a deux ans, la revue Newsweek faisait observer que dans presque toutes les nations d’Europe de l’Ouest “les forces d’extrême droite sont en train de prouver une fois de plus qu’un racisme à peine déguisé et qu’un appel au nationalisme et à l’autoritarisme peuvent encore recevoir un soutien surprenant”.

Est-il sensé de placer sa confiance dans les mouvements néo-fascistes? Les racines du fascisme, à savoir la théorie darwinienne de l’évolution, le racisme, le militarisme et le nationalisme, constituent-elles un fondement sûr permettant d’établir un bon gouvernement? N’êtes-vous pas plutôt d’avis que, à l’instar des autres formes de domination humaine, le fascisme a été trouvé insuffisant?

 

Le fascisme Ses fondements sont-ils solides?

La théorie darwinienne de l’évolution: “Un nombre croissant de savants, et notamment d’évolutionnistes, (...) affirment que la théorie évolutionniste de Darwin n’est pas une théorie vraiment scientifique.” — Michael Ruse, New Scientist du 25 juin 1981.

Le racisme: “Le gouffre entre les races et les peuples, quand il existe, est psychologique et sociologique; mais il n’est pas génétique!” — Les gènes et l’homme (angl.), du professeur Bentley Glass.

“Les êtres humains de toutes les races (...) descendent du même premier homme.” — Hérédité et humains (angl.), de l’auteur scientifique Amram Scheinfeld.

Le militarisme: “L’ingéniosité, le travail et l’argent qui sont mis au service de cette (...) folie dépassent vraiment l’entendement. Si les nations cessaient d’apprendre la guerre, rien ne serait plus irréalisable pour le genre humain.” — Herman Wouk, auteur américain et prix Pulitzer.

Le nationalisme: “Le nationalisme divise l’humanité en groupes qui se montrent intolérants les uns envers les autres. À cause de cela, les hommes pensent d’abord en tant qu’Américains, Russes, Chinois, Égyptiens ou Péruviens, et ensuite en tant qu’humains — si toutefois il leur arrive de penser ainsi.” — Conflit et coopération parmi les nations (angl.), Ivo Duchacek.

“Un grand nombre des problèmes que nous devons résoudre aujourd’hui sont dus à de mauvaises attitudes, — certaines ayant été adoptées presque inconsciemment. Parmi celles-ci, citons l’idée de nationalisme étroit: ‘Qu’il ait tort ou raison, c’est mon pays.’” — U Thant, ancien secrétaire général de l’Organisation des Nations unies.

 

Ni les symboles religieux antiques, tels que la croix gammée, ni la devise “Dieu est avec nous” n’ont pu sauver le régime de Hitler.

 

La domination humaine Partie 7 —Socialisme et communisme

Socialisme: Système social prônant la propriété et la gestion des moyens de production par l’État; tenu par les communistes comme un stade intermédiaire entre le capitalisme et le communisme. Communisme: Système social prônant l’absence de classes, la propriété collective des moyens de production et de subsistance, ainsi que la répartition équitable des ressources économiques.

SI L’ON en croit la mythologie grecque, l’humanité aurait connu son âge d’or sous le règne du dieu Cronos. “Tous partageaient équitablement leurs biens, la propriété privée était inconnue, rien ne venait troubler la paix ni l’harmonie”, explique le Dictionnaire des idéologies (angl.), ajoutant: “Le socialisme naquit de la nostalgie d’un ‘Âge d’or’ perdu.”

Il fallut toutefois attendre les premières décennies du XIXe siècle pour voir le socialisme se hisser au rang de mouvement politique moderne. Il reçut alors un accueil très favorable, surtout en France où la Révolution de 1789 avait entraîné une profonde remise en question des idées traditionnelles. Dans ce pays, comme un peu partout en Europe, la révolution industrielle était à l’origine de graves difficultés sociales. Les conditions étaient donc propices à l’émergence de la thèse selon laquelle les masses bénéficieraient d’une répartition plus équitable des fruits du travail collectif si les ressources étaient propriété de l’État et non plus de particuliers.

Le socialisme n’est pas une doctrine nouvelle. Les philosophes grecs Aristote et Platon en dissertaient déjà de leur temps. Au XVIe siècle, en pleine Réforme, le prêtre catholique allemand Thomas Müntzer prônait une société sans classes. Ses idées radicales ne faisaient cependant pas l’unanimité, notamment lorsqu’il envisageait le recours à la révolution comme un moyen de réaliser cet objectif. Au XIXe siècle, le Gallois Owen, les Français Cabet et Proudhon, ainsi que de nombreux autres réformateurs sociaux parmi lesquels d’éminents hommes d’Église, enseignaient que le socialisme n’était rien de moins qu’un autre nom donné au christianisme.

 

Les utopies de Marx et de More

Néanmoins, “aucun de ces porte-parole du socialisme n’exerça autant d’influence que Karl Marx, dont les écrits devinrent la pierre de touche de la pensée et de l’action socialiste”, explique l’ouvrage cité plus haut. Marx professait que l’Histoire progresse pas à pas sous l’impulsion de la lutte des classes et que cette Histoire prendrait fin lorsque le système politique idéal aurait été trouvé. Ce système idéal devait, selon lui, résoudre les problèmes des sociétés précédentes. Chacun connaîtrait alors la paix, la liberté et la prospérité. Les gouvernements et l’armée deviendraient inutiles.

Voilà qui rappelle de façon frappante ce qu’écrivait en 1516 Sir Thomas More, homme d’État anglais, dans son livre Utopie. Ce terme, “utopie”, fut forgé par More lui-même sur le grec ou-topos. Il signifie “en aucun lieu” et constituait certainement un jeu de mots avec l’expression similaire eu-topos, “bon lieu”. L’Utopie de More était en effet un pays qui, pour être imaginaire (en aucun lieu), n’en était pas moins idéal (bon lieu). Le mot en vint à désigner “un lieu de perfection, particulièrement en matière de lois, de gouvernement et de conditions sociales”. L’ouvrage de More était en fait un réquisitoire en règle contre les conditions économiques et sociales déplorables qui régnaient à l’époque en Europe (surtout en Angleterre) et qui favoriseraient plus tard l’avènement du socialisme.

Les théories de Marx reflétaient également les vues du philosophe allemand Georg Wilhelm Friedrich Hegel. Selon le Dictionnaire des idéologies, “le caractère apocalyptique et quasi religieux du socialisme marxien fut modelé par la relecture philosophique que Hegel fit de la théologie chrétienne radicale”. Sur ce fond de “théologie chrétienne radicale”, explique l’auteur Georg Sabine, Marx, “animé d’une conviction quasi religieuse, [lança] un appel moral extrêmement puissant, appel qui n’était rien de moins qu’une exhortation à travailler aux progrès de la civilisation et de la justice”. Le socialisme apparaissait comme la vague porteuse de l’avenir; c’était pour certains une autre façon de désigner le christianisme en marche vers la victoire.

 

Le passage du capitalisme à l’utopie

Avant de mourir, Marx n’eut le temps de publier que le premier volume de son œuvre maîtresse, Das Kapital. C’est son plus proche collaborateur, le philosophe socialiste allemand Friedrich Engels, qui rédigera et publiera les deux autres volumes en 1885 et en 1894. L’ouvrage analyse les mécanismes du capitalisme, le système économique qui régit les démocraties représentatives occidentales. Reposant sur des échanges commerciaux non réglementés et sur une concurrence dans laquelle l’État n’intervient pas, explique Marx, le capitalisme concentre les moyens de production et de distribution entre les mains de particuliers ou de sociétés. Il produit donc une classe de bourgeois et une classe de travailleurs, créant entre les deux un antagonisme qui se solde par l’oppression des seconds. S’appuyant sur les travaux d’économistes reconnus, Marx affirme que le capitalisme est en réalité non démocratique, et que le socialisme constitue la forme la plus élevée de démocratie en ce qu’il favorise le peuple par la défense de l’égalité et de la liberté.

Pour atteindre l’utopie, il faut que le prolétariat fasse la révolution, se débarrasse de l’oppression de la bourgeoisie et instaure ce que Marx appelle une “dictature du prolétariat”. (Voir l’encadré page 21.) Avec le temps, Marx adoucit toutefois sa position. Il concédera que la révolution peut revêtir deux formes: l’une violente, l’autre graduelle et plus permanente. Voilà qui soulève une intéressante question.

 

L’utopie par la révolution ou par les réformes?

“Communisme” dérive du latin communis, qui signifie “commun, qui appartient à tous”. À l’instar du socialisme, le communisme reproche à la libre entreprise d’engendrer le chômage, la pauvreté, les fluctuations et les conflits entre ouvriers et patrons. La solution communiste consiste à distribuer les richesses de la nation plus équitablement.

Mais à la fin du XIXe siècle, les marxistes ne sont déjà plus d’accord entre eux sur les moyens d’atteindre cet objectif commun. Dans les premières années du XXe siècle, ce sont les socialistes opposés à toute révolution violente et prônant plutôt la collaboration avec le système démocratique parlementaire qui prennent l’ascendant. De ce mouvement naîtra le socialisme démocratique, celui-là même que l’on retrouve aujourd’hui en République fédérale d’Allemagne, en France et en Grande-Bretagne. En fait, ces partis ont rejeté la pensée marxiste authentique et cherchent seulement à créer un État-providence pour la population.

Marxiste pur et dur, Lénine, quant à lui, était intimement convaincu que l’utopie communiste ne pourrait naître que de la révolution violente. Ses idées, au même titre que celles de Marx, constituent l’essence du communisme orthodoxe moderne. Lénine, dont le véritable nom est Vladimir Ilich Oulianov, naît en 1870 dans ce qui est aujourd’hui l’Union soviétique. C’est en 1889 qu’il se convertit au marxisme. À partir de 1900, au terme d’un exil en Sibérie, il vivra principalement en Europe occidentale. Après la chute du régime tsariste, il retourne en Russie où il fonde le parti communiste russe et prend la tête de la Révolution bolchevique de 1917. Il devient alors le maître de l’Union soviétique, ce qu’il restera jusqu’à sa mort en 1924. À la différence des mencheviks, Lénine voyait le parti communiste comme un groupe très centralisé de révolutionnaires soumis à une discipline rigoureuse et constituant l’avant-garde du prolétariat. — Voir l’encadré page 21.

De nos jours, la ligne de démarcation entre révolution et réformes n’est plus aussi bien définie. En 1978, le livre Comparaison des systèmes politiques: Pouvoir et politique de trois mondes (angl.) faisait le constat suivant: “Le communisme est devenu plus ambivalent quant aux moyens d’atteindre les objectifs socialistes. (...) Les différences entre le communisme et le socialisme démocratique se sont considérablement atténuées.” Les changements spectaculaires que subit actuellement le communisme dans les pays d’Europe de l’Est sont d’ailleurs là pour le confirmer.

 

Le communisme réintroduit la religion

“Nous avons besoin de valeurs spirituelles. (...) Les valeurs morales que la religion a générées et incarnées pendant des siècles peuvent favoriser l’œuvre de reconstruction dans notre pays également.” Peu de personnes pensaient jamais entendre de telles paroles dans la bouche d’un secrétaire général du parti communiste d’Union soviétique. C’est pourtant à cette étonnante volte-face que s’est livré Mikhaïl Gorbatchev le 30 novembre 1989, à l’occasion d’un déplacement en Italie.

Faut-il voir là une confirmation de la thèse selon laquelle les premiers chrétiens étaient des communistes, qui pratiquaient une forme de socialisme chrétien? C’est ce que prétendent certains en s’appuyant sur le texte d’Actes 4:32, qui dit des chrétiens de Jérusalem qu’“ils avaient tout en commun”. Cependant, à l’examen il s’avère qu’il ne s’agissait là que de mesures temporaires dictées par des circonstances imprévues, et non d’un système permanent de socialisme “chrétien”. Du fait qu’ils partageaient leurs biens matériels avec amour, “nul n’était dans le besoin”. Effectivement, “c’était (...) distribué à chacun, selon que la personne en avait besoin”. — Actes 4:34, 35.

 

“Glasnost” et “perestroïka”

Depuis les derniers mois de 1989, l’Union soviétique et ses pays satellites d’Europe de l’Est connaissent des remaniements politiques pour le moins étonnants. Grâce à la politique de glasnost, ou transparence, le monde entier a été témoin de ces bouleversements. Les réformes profondes demandées par les populations d’Europe de l’Est ont, dans une certaine mesure, été acceptées. Des responsables communistes ont reconnu le besoin d’un système plus humain, moins rigide, et ont souhaité, pour reprendre les termes d’un économiste polonais, une “renaissance du socialisme sous une forme différente, plus éclairée et plus efficace”.

En tête de ces dirigeants se trouve Mikhaïl Gorbatchev qui, peu après son arrivée au pouvoir en 1985, a lancé l’idée de la perestroïka (restructuration). Au cours d’une visite en Italie, il a affirmé que la perestroïka était indispensable pour relever les défis des années 90. “Ayant emprunté le chemin de la réforme radicale, les pays socialistes arrivent au point de non-retour, a-t-il dit. Toutefois, il est faux d’affirmer, comme beaucoup le font à l’Ouest, que cela marque l’effondrement du socialisme. Cela signifie au contraire que le socialisme va poursuivre son développement dans le monde sous une multiplicité de formes.”

Les responsables communistes sont donc loin de partager l’opinion exprimée l’année dernière par le chroniqueur Charles Krauthammer: “L’éternelle question qui a hanté tous les philosophes politiques depuis Platon — quelle est la meilleure forme de gouvernement? — a maintenant une réponse. Après avoir passé quelques millénaires à essayer tous les systèmes politiques possibles, nous terminons celui-ci avec la certitude d’avoir trouvé dans la démocratie capitaliste, pluraliste et libérale ce que nous cherchions.”

Plus objectif, le quotidien allemand Die Zeit n’a pas hésité à brosser le triste tableau des démocraties occidentales, mentionnant le “chômage, l’alcoolisme, la drogue, la prostitution, la réduction des programmes sociaux, l’augmentation de la pression fiscale et les déficits budgétaires”; la question était ensuite posée: “Est-ce vraiment là la société parfaite qui a triomphé définitivement du socialisme?”

Un proverbe dit que ceux qui habitent des maisons de verre ne devraient pas jeter de pierres. Quel gouvernement humain peut en effet, compte tenu de son imperfection, se permettre de critiquer les faiblesses d’un autre? Les faits montrent que le gouvernement humain parfait — l’Utopie — n’existe pas. Les hommes politiques sont toujours à la recherche du “bon lieu”, et celui-ci ne se trouve toujours “en aucun lieu”.

 

Notes

Marx est né de parents juifs en 1818 dans ce qui était alors la Prusse. Il fit ses études en Allemagne et entama une carrière de journaliste. Après 1849, il passa la plus grande partie de sa vie à Londres, où il mourut en 1883.

TERMINOLOGIE SOCIALISTE ET COMMUNISTE :

  BOLCHEVIKS/MENCHEVIKS: En 1903, le Parti ouvrier social-démocrate russe fondé en 1898 se scinde en deux groupes: les bolcheviks (littéralement “membres de la majorité”), avec Lénine à leur tête, sont favorables au maintien d’un parti restreint composé d’un nombre limité de révolutionnaires disciplinés; les mencheviks (“membres de la minorité”) se prononcent en faveur d’un parti plus étoffé régi par des méthodes démocratiques.

  BOURGEOISIE/PROLÉTARIAT: Marx enseignait que le prolétariat (la classe ouvrière) renverserait la bourgeoisie (la classe moyenne, dont les industriels) et établirait une “dictature du prolétariat”, créant ainsi une société sans classes.

  EUROCOMMUNISME: Communisme des partis communistes d’Europe occidentale. Indépendant du parti communiste soviétique, il accepte le principe de la participation à un gouvernement de coalition et juge qu’une “dictature du prolétariat” est désormais inutile.

  KOMINTERN: Contraction russe d’Internationale communiste (ou IIIe Internationale). Organisation créée par Lénine en 1919 pour promouvoir le communisme. Dissoute en 1943, elle avait été précédée par la Ire  Internationale (1864-1876), qui donna naissance à de nombreux groupes socialistes européens, et par la IIe  Internationale (1889-1919), qui était un parlement international des partis socialistes.

  MANIFESTE DU PARTI COMMUNISTE: Déclaration rédigée en 1848, dans laquelle Marx et Engels exposent les principales doctrines du socialisme scientifique et qui a longtemps servi de texte de base aux partis socialistes et communistes européens.

  SOCIALISME SCIENTIFIQUE/UTOPIQUE: Expressions utilisées par Marx pour distinguer ses thèses, censées reposer sur une analyse scientifique de l’Histoire et des mécanismes du capitalisme, des thèses socialistes purement utopiques de ses prédécesseurs.

 

 

La domination humaine - Partie 8 - Nationalisme

Nationalisme: sentiment national par lequel l’individu exalte son pays au-dessus de tout autre, en défendant exclusivement la culture et les intérêts de sa nation. Devenu manifeste à la fin du XVIIIe siècle, ce concept n’a jamais recueilli autant de suffrages qu’au XXe siècle.

TITUBANT d’une crise à l’autre, les gouvernements humains sont incapables d’apporter la stabilité à la société humaine. Or, si l’on en croit Zbigniew Brzezinski, conseiller pour la sécurité nationale auprès de l’ancien président américain Jimmy Carter, la situation n’est pas près de changer.

Pour les besoins d’un article paru en 1985 sous le titre “Le déclin de notre monde”, Georgie Anne Geyer a interviewé plusieurs hommes politiques de premier plan, dont M. Brzezinski à qui elle attribue les propos suivants: “Les facteurs qui contribuent à déstabiliser le monde sont plus que jamais en train de l’emporter sur les efforts déployés en vue d’une coopération structurée. L’analyse objective des courants mondiaux n’appelle qu’une conclusion: l’agitation sociale, les troubles politiques, le marasme économique et les frictions internationales ne feront probablement que s’accentuer en cette fin de siècle.”

Sombre prédiction s’il en est, qui ne surprend pourtant pas les étudiants de la Bible. De fait, voilà bien longtemps que cette situation a été annoncée. Quand cela? Et où?

 

Un rêve troublant

Nébucadnezzar, roi de Babylone de 624 à 582 avant notre ère, fit une nuit un rêve troublant: il vit une image immense dont la tête était d’or, la poitrine et les bras d’argent, le ventre et les cuisses de cuivre, les jambes de fer, les pieds et les orteils de fer mêlé à de l’argile. Daniel, prophète de Dieu, expliqua au monarque la signification de cette image, en ces termes: “Toi, ô roi, (...) toi, tu es la tête d’or. Et après toi se dressera un autre royaume, inférieur à toi; et un autre royaume, un troisième, de cuivre, qui dominera sur toute la terre.” L’image avait donc manifestement trait à la domination humaine. — Daniel 2:37-39.

Avant les jours de Daniel, l’Égypte et l’Assyrie avaient toutes les deux opprimé Israël, le peuple élu de l’Auteur de la Bible

Exode 19:5 « Et maintenant, si vous obéissez strictement à ma voix et si vous gardez vraiment mon alliance, alors, à coup sûr, vous deviendrez mon bien particulier parmi tous les [autres] peuples, car toute la terre m’appartient. »

. Si l’on s’en tient au contexte biblique, ces deux nations ont ainsi acquis le rang de puissances mondiales, les premières d’une série de sept dont parlent les Écritures

Révélation 17:10 « Et il y a sept rois : cinq sont tombés, l’un est, l’autre n’est pas encore arrivé, mais quand il arrivera, il doit demeurer peu de temps. »

. Puis, à l’époque de Daniel, Babylone renversa Jérusalem et emmena les Israélites en exil. Elle devenait ainsi la troisième de ces puissances mondiales, décrite fort à propos dans ce cas précis comme “la tête d’or”. La Bible et l’histoire profane identifient les autres puissances mondiales qui devaient encore se lever à l’Empire médo-perse, la Grèce , Rome et la double Puissance anglo-américaine.

Ces nations sont qualifiées par la Bible de puissances mondiales en raison de leurs rapports avec le peuple de Dieu et parce qu’elles se sont opposées à la loi divine qu’il défendait. L’image vue par Nébucadnezzar illustrait donc bien le fait que la domination humaine continuerait de s’exercer à l’encontre de la souveraineté de Dieu même lorsque Son royaume aurait disparu. La succession des puissances mondiales représentées par les différentes parties de la statue a commencé avec la tête. Par conséquent, les pieds et les orteils devaient symboliser les manifestations ultimes de la domination humaine au “temps de la fin”, selon l’expression utilisée par Daniel. À quoi devons-nous donc nous attendre? —

Daniel 2:41-42 “ Puisque tu as vu que les pieds et les orteils étaient en partie d’argile modelée de potier et en partie de fer, le royaume sera divisé, mais il s’y trouvera quelque chose de la dureté du fer, étant donné que tu as vu le fer mêlé à de l’argile humide. 42 Et quant aux orteils des pieds étant en partie de fer et en partie d’argile modelée : le royaume sera en partie fort et sera en partie fragile. »

Daniel 12:4 “ Et quant à toi, ô Daniel, rends secrètes ces paroles et scelle le livre, jusqu’au temps de [la] fin. Beaucoup rôderont çà et là, et la [vraie] connaissance deviendra abondante. ” »

 

‘Dix orteils’

Étant donné que les serviteurs de Dieu n’appartiennent plus à une seule nation ni ne sont regroupés en un même lieu géographique, ils ne peuvent être opprimés par une puissance mondiale unique

Actes 1:8 « mais vous recevrez de la puissance lorsque l’esprit saint surviendra sur vous, et vous serez mes témoins non seulement à Jérusalem, mais aussi dans toute la Judée et la Samarie , et jusque dans la région la plus lointaine de la terre. ” »

Actes 10:34-35 « Alors Pierre ouvrit la bouche et dit : “ Vraiment, je me rends compte que Dieu n’est pas partial, 35 mais qu’en toute nation l’homme qui le craint et pratique la justice est agréé de lui. »

. Ils vivent dans toutes les nations et sous tous les types de gouvernement, et annoncent avec zèle que le temps de la fin a commencé et que les jours de la domination humaine sont comptés: bientôt celle-ci sera remplacée par la domination divine. Le message hardi qu’ils proclament s’adresse donc à toutes les puissances politiques. D’ailleurs, le chiffre “dix” est utilisé dans la Bible pour désigner la plénitude quant aux choses terrestres. C’est donc l’ensemble des gouvernements humains, coalisés contre la souveraineté divine au temps de la fin, que représentent logiquement les ‘dix orteils’ de l’image.

Quelle était la situation politique à l’aube de cette époque prédite par les Écritures? Alors qu’en 1800 les nations européennes exerçaient leur domination sur 35 % du globe, en 1914 ce chiffre était passé à plus de 84 %. Un ouvrage d’histoire (The Collins Atlas of World History) écrit: “À la veille de la Première Guerre mondiale, il semblait qu’un petit nombre de grandes puissances se soient partagé la quasi-totalité de la carte du monde.” En fait, selon Hugh Brogan, historien à l’université de l’Essex (Angleterre), tout prêtait à croire que “le monde entier serait avant longtemps dirigé par une demi-douzaine de puissances”.

Il n’aurait guère été sensé de parler de ‘dix orteils’ pour symboliser l’ensemble des gouvernements mondiaux qui n’auraient été qu’une demi-douzaine. Ainsi, pour que, conformément à la prophétie, les ‘dix orteils’ aient une réalité, la situation politique existant en 1914 devait changer.

Au soir du XIXe siècle, l’Empire britannique, le plus vaste empire jamais connu jusqu’alors, régnait sur plus d’un quart de la population mondiale, et d’autres empires européens comptaient des millions de sujets. La Première Guerre mondiale allait pourtant déboucher sur un triomphe du nationalisme. Paul Kennedy, professeur d’histoire à l’Université Yale, explique: “En Europe, le changement le plus marquant du point de vue territorial et juridique, c’est l’apparition d’une série d’États nationaux — Pologne, Tchécoslovaquie, Autriche, Hongrie, Yougoslavie, Finlande, Estonie, Lettonie et Lituanie — dans des territoires qui faisaient antérieurement partie de l’Empire des Habsbourg, de celui des Romanov ou de celui des Hohenzollern.”

Après la Seconde Guerre mondiale, cette tendance allait s’accélérer, le nationalisme connaissant alors une véritable explosion. Plus particulièrement après le milieu des années 50, le courant devint irréversible. Ainsi sonnait le glas de cinq siècles d’expansionnisme européen dans un décor d’empires coloniaux réduits à néant, tandis que le nombre des nations augmentait de façon spectaculaire en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient.

Selon la Nouvelle Encyclopédie britannique, ce “processus démentait les conceptions qui avaient dominé la pensée politique au cours des 2 000 ans écoulés”. Alors que “jusque-là l’homme avait habituellement tendu vers le général et l’universel, considérant l’unité comme l’objectif à atteindre”, le nationalisme mettait maintenant l’accent sur les différences nationales. Plutôt que de contribuer à la cohésion, il favorisait la désunion.

 

Du fer et de l’argile

On notera que dans sa description de l’image, la Bible dit des pieds et des orteils qu’ils sont “en partie de fer et en partie d’argile modelée”, ajoutant ceci: “Le royaume s’avérera divisé, (...) se révélera en partie fort et se révélera en partie fragile (...), mais ils ne s’attacheront pas.” (Daniel 2:33, 41-43). Cette absence de cohésion devint évidente lors de la décolonisation, quand le nationalisme fleurit et que les pays nouvellement apparus gagnèrent en stature. Le monde glissait rapidement dans un processus de fragmentation politique.

À l’image des pieds et des orteils de la statue, constitués de deux matériaux difficiles à amalgamer, le fer et l’argile, certains gouvernements se sont révélés de fer (régimes autoritaires ou tyranniques), d’autres d’argile (régimes plus souples ou démocratiques); si bien qu’ils n’ont pu, comme on le conçoit, s’allier pour réaliser l’unité internationale. Parlant de ce phénomène comme d’une caractéristique de notre époque, le livre Notre monde hier, aujourd’hui et demain De 1800 à l’an 2000 (allemand) fait observer: “Au XIXe siècle, la liberté démocratique prévalait dans presque toutes les nations civilisées et, au sortir de la Première Guerre mondiale, il semblait que la cause de la liberté était en passe de l’emporter définitivement. (...) Avec la révolution russe de 1917, la dictature réapparut. Depuis lors, le XXe siècle se caractérise par la coexistence et la confrontation de la dictature et de la démocratie.” — C’est nous qui soulignons.

 

Le pouvoir du peuple

On notera également que durant la domination des ‘dix orteils’, le peuple, “la progéniture des humains”, serait appelé à participer toujours plus activement aux affaires gouvernementales. L’Histoire confirme-t-elle cette prédiction? — Daniel 2:43.

La démocratie, ou gouvernement par le peuple, remporta un succès considérable juste après la Première Guerre mondiale, bien qu’au cours des années 20 et 30 elle ait cédé le pas à la dictature dans diverses régions du globe. Après la Seconde Guerre mondiale, la décolonisation engendra à nouveau un certain nombre de démocraties. Plus tard, toutefois, dans les années 60 et 70, nombre d’anciennes colonies se donnèrent des formes de gouvernement plus autoritaires.

Reste qu’en notre XXe siècle la tendance est à remplacer les monarchies et les autocraties par des régimes démocratiques. À ce propos, la revue Time décrivait l’année écoulée comme “l’année du peuple”, faisant référence aux bouleversements politiques survenus en Europe de l’Est. Et, lors de la chute du mur de Berlin, le quotidien allemand Der Spiegel a titré en gros caractères “Das Volk siegt” (“Le peuple a vaincu”).

 

De grands discours, mais peu d’actes

Dans tous les pays de l’Est où le peuple a exigé et obtenu la réforme du système politique, on a réclamé l’organisation d’élections libres sur le principe du multipartisme. Dans leur forme actuelle, les partis politiques sont nés au XIXe siècle en Europe et en Amérique du Nord. À partir du milieu de notre siècle, ils ont essaimé dans le monde entier, pour être aujourd’hui plus grands, plus forts et mieux organisés que jamais. Par leur intermédiaire comme par celui des syndicats, des groupes de pression, des mouvements de défense de l’environnement et d’un nombre incalculable d’autres organisations publiques, le pouvoir du peuple s’exprime avec une force et une fréquence jusque-là inconnues.

Cependant, plus il y a de gens qui s’engagent dans la politique, plus il est difficile de parvenir à un consensus politique. De la multitude d’opinions et d’intérêts conflictuels émergent bien souvent des gouvernements minoritaires, des gouvernements aux poings liés qui, s’ils sont experts dans les grands discours, se révèlent décevants sur le terrain.

De même que le fer et l’argile ne se mêlent pas, de même l’amalgame politique mondial tel qu’il existe depuis 1914 s’est révélé fragile. Révolue, par exemple, l’époque où l’on demandait l’aide de Dieu pour gouverner; ce qui a inspiré cette réflexion de l’ouvrage The Columbia History of the World: “La civilisation occidentale ne peut donc plus compter que sur elle-même, prenant de ce fait conscience de son incapacité.”

 

L’optimisme est-il permis?

“Pourquoi ces événements distincts, mais cependant liés, devaient-ils se produire simultanément au cours de la seconde moitié du XXe siècle? Pourquoi le monde menace-t-il de s’écrouler à l’époque même où l’homme n’a jamais autant progressé dans le domaine scientifique?” Ces questions, soulevées par Georgie Anne Geyer, suscitent la réflexion. Mais quelqu’un possède-t-il la réponse?

Voilà près de dix ans, The World Book Encyclopedia disait avec optimisme: “Nous avons probablement davantage de chances de résoudre nos difficultés que toute autre génération passée.” Aujourd’hui, alors que débutent les années 90, y a-t-il toujours lieu d’être optimiste? ‘Oui’, répondrez-vous peut-être en évoquant la fin de la guerre froide, la coopération accrue entre l’Est et l’Ouest, ainsi que les progrès substantiels du désarmement.

Les Écritures avaient prédit ces changements. Le règne de la Septième Puissance mondiale devait en effet être marqué par l’établissement d’un huitième roi dont la mission serait d’unir les nations (Révélation 17:11). Allait-il réussir? C’est la question à laquelle répondra la 9e partie de cette série.

 

 

“Tout royaume divisé contre lui-même est réduit en désolation.” — Matthieu 12:25.

“Les nations devinrent turbulentes, les royaumes chancelèrent.” — Psaume 46:6.

 

La domination humaine - Partie 9 Systèmes politiques supranationaux

Systèmes politiques supranationaux: Empires, sociétés, confédérations ou fédérations formés à titre temporaire ou permanent par des nations-États dont les objectifs communs transcendent les frontières, l’autorité ou les intérêts nationaux.

EN CETTE soirée du 5 octobre de l’an 539 avant notre ère, l’ambiance est à la fête à Babylone. Un millier de hauts fonctionnaires honorent de leur présence un festin auquel les a conviés le roi Belschazzar. La menace des Mèdes et des Perses, qui assiègent la ville, ne préoccupe ni le monarque ni ses grands. Après tout, Babylone n’est-elle pas protégée par des murailles imprenables? Il n’y a donc pas péril en la demeure.

Soudain, alors que la fête bat son plein, une main apparaît dont les doigts tracent sur le mur du palais ces mots inquiétants: MENÉ, MENÉ, TEKEL et PARSÎN. Blêmissant, le roi sent ses genoux s’entrechoquer. — Daniel 5:5, 6, 25.

Daniel est Israélite. Il est aussi adorateur du Dieu que Belschazzar et ses fonctionnaires étaient en train de narguer. On le convoque pour qu’il explique le message. “Voici l’interprétation de la parole, dit Daniel: MENÉ: Dieu a compté les jours de ton royaume et y a mis fin. TEKEL: tu as été pesé dans la balance et tu as été trouvé insuffisant. PÉRÈS: ton royaume a été divisé et donné aux Mèdes et aux Perses.” Manifestement, la prophétie ne présage rien de bon. De fait, “dans cette nuit-là, Belschazzar, le roi chaldéen, fut tué”. — Daniel 5:26-28, 30.

En une nuit, une forme de domination humaine céda la place à une autre. Sur le vu des bouleversements politiques similaires qui se sont produits dernièrement en Europe de l’Est, se pourrait-il qu’il y ait là une leçon à tirer pour notre époque? Faut-il voir dans ce qui est arrivé à Belschazzar une image de ce qui attend l’ensemble de la domination humaine? Nous avons toutes les raisons de méditer sur ces questions, car, pour reprendre les termes de Jacques Barzun, professeur à l’Université Columbia, “des civilisations entières ont bel et bien disparu. Les effondrements spectaculaires de la Grèce et de Rome ne sont pas des mythes”.

Les hommes ont fait l’expérience de toutes les formes de gouvernement possibles et imaginables. Quel est le bilan de milliers d’années de tâtonnement? La domination humaine est-elle satisfaisante? Peut-elle apporter des solutions aux problèmes grandissants de l’humanité?

 

Des promesses, toujours des promesses!

Bakul Rajni Patel, directrice d’un grand centre de recherche à Bombay (Inde), apporte un élément de réponse. Accusant les hommes politiques d’“hypocrisie absolue”, elle explique: “En Inde et dans d’autres pays du tiers monde, il est de mode que les dirigeants montent à la tribune et se lancent dans des discours vibrants sur le ‘développement’ et le ‘progrès’. Quel développement? Quel progrès? Qui espère-t-on tromper? Les chiffres sont là, implacables, et ils parlent d’eux-mêmes: chaque jour, 40 000 enfants du tiers monde meurent de maladies évitables.” Et d’ajouter qu’au moins 80 millions d’enfants sous-alimentés se couchent tous les soirs avec la faim au ventre.

‘Pas si vite, protesteront certains, reconnaissons au moins aux hommes politiques le mérite d’essayer. Si l’on veut sortir le monde de la situation catastrophique dans laquelle il se trouve, une forme ou une autre de gouvernement est indispensable!’ Rien n’est plus vrai. Mais la question est de savoir si ce gouvernement doit être d’origine humaine ou d’origine divine.

Trouvez-vous cette idée naïve, pensant, comme beaucoup, que Dieu a décidé de rester en dehors de cette affaire? Le pape Jean-Paul II, par exemple, semble considérer que Dieu a laissé aux hommes le soin de se gouverner par eux-mêmes en faisant de leur mieux. Il y a une dizaine d’années, pendant un voyage au Kenya, il a en effet déclaré: “L’un des grands défis que le chrétien doit relever est celui de la vie politique. Dans un État, les citoyens ont le droit et le devoir de participer à la vie politique. (...) Il serait faux de penser que le chrétien doit rester à l’écart de ces questions quotidiennes.”

C’est sur cette base, et souvent encouragés en cela par la religion, que les hommes cherchent depuis longtemps le gouvernement parfait. Toute apparition d’une nouvelle forme de domination s’est accompagnée de grandes promesses. Mais les promesses, même les plus belles, ont un goût bien amer lorsqu’elles ne sont pas tenues. Pour parler clair, les hommes n’ont pas trouvé le gouvernement idéal.

 

“Ceignez-vous!”

Le savant atomiste Harold Urey était-il sur la bonne voie? Il soutenait qu’“on ne trouvera aucune solution pratique aux problèmes du monde si l’on ne finit pas par instaurer un gouvernement universel capable de promulguer des lois pour toute la terre”. Cependant, tout le monde n’est pas convaincu de la réussite d’un tel projet, pour la bonne raison que, dans le passé, les tentatives de coopération au sein d’organismes internationaux se sont presque systématiquement soldées par des échecs. Arrêtons-nous sur un exemple significatif.

Après la Première Guerre mondiale, le 16 janvier 1920 fut créée une organisation supranationale forte de 42 États membres: la Société des Nations. Parlement universel plutôt que gouvernement, elle avait pour vocation de promouvoir l’unité mondiale, notamment en réglant les contentieux entre nations-États souveraines, et, ce faisant, d’empêcher la guerre. En 1934, le nombre de ses membres était passé à 58.

Mais la SDN reposait sur un fondement instable. “ La Première Guerre mondiale s’était achevée sur de grands espoirs, mais la désillusion ne tarda pas à s’installer, explique The Columbia History of the World. Les espoirs placés dans la Société des Nations se révélèrent illusoires.”

Le 1er septembre 1939, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale plongea la SDN dans l’abîme de l’inactivité. Bien qu’elle ne fût officiellement dissoute que le 18 avril 1946, pour ce qui est de sa mission elle mourut dans sa vingtième année, sans avoir franchi le cap de l’adolescence. Avant même ses funérailles officielles, elle avait été remplacée par un autre organisme supranational créé le 24 octobre 1945 avec 51 États membres: l’Organisation des Nations unies. Quels seraient les résultats de cette nouvelle tentative de coalition?

 

Nouvelle tentative

Certains attribuent l’échec de la Société des Nations à des erreurs de conception. D’autres font porter la responsabilité, non à l’organisme lui-même, mais principalement aux gouvernements qui ont rechigné à lui apporter le soutien voulu. Il y a sans doute un peu de vrai dans chacune de ces explications. Toujours est-il que les fondateurs de l’ONU ont essayé de tirer des leçons du manque d’efficacité de la SDN et de remédier à certaines de ses faiblesses.

D’après l’auteur R. Baldwin, les Nations unies “sont mieux armées que la défunte SDN pour créer un ordre mondial régi par la paix, la coopération, les lois et le respect des droits de l’homme”. De fait, certains de ses organismes spécialisés, tels que l’OMS (Organisation mondiale de la santé), l’UNICEF (Fonds des Nations unies pour l’Enfance) et la FAO (Organisation pour l’alimentation et l’agriculture), poursuivent des objectifs louables avec un certain succès. Ce qui semble également donner raison à M. Baldwin, c’est le fait que les Nations unies ont maintenant 45 ans d’existence, soit deux fois plus que la SDN.

Une réalisation majeure à mettre à l’actif des Nations unies est l’activation du processus de décolonisation. Selon le journaliste Richard Ivor, l’intervention de l’ONU aura au moins permis à cette décolonisation de “se dérouler de façon un peu plus ordonnée qu’il n’aurait été autrement”. Le même observateur affirme par ailleurs que l’ONU “a contribué à circonscrire la guerre froide autour des champs de bataille de la rhétorique”, et il fait l’éloge du “modèle fonctionnel de coopération internationale” dont l’organisme a permis la mise en place.

D’un autre côté, certains détracteurs affirment que, plus que les Nations unies, c’est la menace d’un conflit nucléaire qui a empêché la guerre froide de tourner à la guerre ouverte. De fait, au lieu de tenir la promesse dont son nom est porteur — unir les nations —, l’ONU s’est révélée n’être souvent guère plus qu’un intermédiaire essayant d’empêcher des nations désunies de s’entre-déchirer. Et même dans ce rôle d’arbitre, elle ne se montre pas toujours à la hauteur. Comme l’explique M. Baldwin, à l’instar de la Société des Nations, “les Nations unies sont impuissantes à faire plus que ce qu’un État membre mis en accusation a la bonne grâce de permettre”.

Le peu d’enthousiasme avec lequel les États membres soutiennent l’ONU se voit dans la mauvaise volonté qu’ils montrent parfois à acquitter leur contribution financière. C’est ainsi que les États-Unis, l’un des principaux bailleurs de fonds de l’organisation, ont différé leur versement à la FAO à cause d’une résolution qu’ils jugeaient défavorable à Israël et propalestinienne. Par la suite, ils ont accepté de verser juste assez pour conserver leur droit de vote, mais plus des deux tiers de leur dû sont restés impayés.

En 1988, Varindra Tarzie Vittachi, ancien directeur adjoint de l’UNICEF, a écrit qu’il refusait “de rejoindre le parti des lyncheurs” qui désavouaient les Nations unies. Se présentant comme un “critique fidèle”, il a néanmoins admis que l’ONU essuyait de nombreuses attaques de la part de gens pour qui elle “est une ‘lumière qui faiblit’, [une organisation] qui ne s’est pas montrée à la hauteur de ses idéaux élevés, qui n’a pas été capable d’assumer sa mission de gardienne de la paix et dont les organismes de développement, à quelques rares exceptions, n’ont pas justifié leur existence”.

Richard Ivor met le doigt sur la principale faiblesse des Nations unies quand il écrit: “Quoi qu’elle puisse faire par ailleurs, l’ONU n’abolira pas le péché. Elle peut rendre la pratique du péché à l’échelle internationale plus difficile et faire en sorte que le pécheur ait davantage de comptes à rendre, mais elle n’a pas encore réussi à changer le cœur et l’esprit des gouvernants ou des gouvernés.” — C’est nous qui soulignons.

Ainsi, les Nations unies ont le même défaut que toutes les autres formes de gouvernement humain. Aucune n’est en mesure d’insuffler à l’homme l’amour désintéressé de la justice, la haine du mal et le respect de l’autorité qui sont indispensables pour réussir. Songez aux montagnes de difficultés qu’il serait possible d’aplanir si les hommes étaient disposés à vivre selon des principes justes! Par exemple, un reportage sur la pollution en Australie signale que le problème réside “non pas dans l’ignorance, mais dans l’état d’esprit [des gens]”. Citant l’avidité comme cause fondamentale, l’article précise que “la politique du gouvernement a aggravé la situation”.

Des hommes imparfaits sont tout bonnement incapables de créer des gouvernements parfaits. Comme l’écrivit le poète Thomas Carlyle en 1843, “à la longue, tout gouvernement est le reflet exact de ses gouvernés, avec leur bon sens et leur manque de bon sens”. Qui dira le contraire?

 

“Soyez mis en pièces!”

Les jours de la domination humaine sont comptés. Les gouvernements ont fomenté la plus impudente et provocante conspiration qui soit contre la domination divine

(Isaïe 8:11-13) Car voici ce que Jéhovah m’a dit à force de main, pour faire que je me détourne de marcher dans la voie de ce peuple, en disant : 12 “ Vous ne devez pas dire : ‘ Conspiration ! ’ de tout ce dont ce peuple dit sans cesse : ‘ Conspiration ! ’ et l’objet de sa crainte, vous ne devez pas le craindre, vous ne devez pas non plus trembler. 13 Jéhovah des armées — c’est Lui que vous devez tenir pour saint, et il doit être l’objet de votre crainte, et c’est Lui qui doit vous faire trembler. ”

. Ils ne l’ont d’ailleurs pas fait une fois seulement, mais à deux reprises: d’abord avec la Société des Nations, puis avec les Nations unies. Révélation 13:14, 15 parle de l’instrument de ce complot comme de “l’image de la bête sauvage”. Ce nom est on ne peut plus approprié, car il est effectivement une image du système politique mondial que les hommes ont mis en place sur la terre. À l’instar d’une bête sauvage, des éléments de ce système politique n’ont cessé de traquer les habitants de la terre et de provoquer des drames sans nom.

La Société des Nations a connu une fin désastreuse en 1939. Conformément aux prophéties de la Bible , le même sort attend les Nations unies. “Ceignez-vous et soyez mis en pièces! Ceignez-vous et soyez mis en pièces! Arrêtez un projet, et il sera rompu!” — Ésaïe 8:9, 10.

Quand surviendra la destruction finale de “l’image de la bête sauvage” et du système de domination humaine dont elle est le reflet? Quand Jéhovah mettra-t-il fin à la domination humaine, qui défie sa souveraineté? La Bible ne donne pas de date précise, mais ses prophéties ainsi que les événements mondiaux attestent que ce temps est désormais très court.

Luc 21:25-32 “ De plus, il y aura des signes dans le soleil et la lune et les étoiles, et sur la terre angoisse des nations, ne sachant que faire à cause du mugissement de la mer et de [son] agitation, 26 tandis que les hommes défailliront par peur et attente des choses venant sur la terre habitée ; car les puissances des cieux seront ébranlées. 27 Et alors ils verront le Fils de l’homme venir dans un nuage avec puissance et grande gloire. 28 Mais, quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et relevez la tête, parce que votre délivrance approche. ” 29 Là-dessus il leur donna un exemple : “ Regardez le figuier et tous les autres arbres : 30 quand déjà ils ont des bourgeons, en le remarquant, vous savez de vous-mêmes que maintenant l’été est proche. 31 De même vous aussi, quand vous verrez ces choses arriver, sachez que le royaume de Dieu est proche. 32 Vraiment, je vous le dis : Non, cette génération ne passera pas que tout n’arrive. »

L’écriture sur le mur est là, visible pour tous ceux qui y prêtent attention. Aussi sûrement que le royaume de Belschazzar fut pesé dans la balance et trouvé insuffisant, la domination humaine dans son ensemble a été jugée et trouvée inapte. Elle tolère la corruption politique, déclenche des guerres, encourage toutes sortes de comportements hypocrites et égoïstes, et néglige de fournir à ceux qui la soutiennent le logement, la nourriture, l’instruction et les soins médicaux nécessaires.

Lorsque la domination humaine disparaîtra, ce sera comme en une nuit. Encore debout aujourd’hui, elle cédera bientôt la place au Royaume de Dieu, un gouvernement enfin parfait!

 

Les promesses et la réalité

  L’anarchie promet la liberté absolue et sans limites. Dans la réalité, l’absence de gouvernement empêche la mise en place d’un ensemble de règles ou de principes à l’intérieur duquel les individus pourraient coopérer pour leur bien mutuel. La liberté illimitée engendre le chaos.

  La monarchie promet la stabilité et l’unité sous la direction d’un souverain unique. Dans la réalité, les monarques humains sont limités en connaissances, entravés par leur imperfection et leurs faiblesses et parfois animés de mauvais mobiles. Comme, de surcroît, ils sont mortels, la stabilité et l’unité ne peuvent être que de courte durée.

  L’aristocratie promet les dirigeants les plus capables. Dans la réalité, ceux-ci doivent leur fonction à leur richesse, à la noblesse de leur rang ou à leur puissance, et pas nécessairement à leur sagesse, à leur perspicacité ou à leur altruisme. Le souverain unique et médiocre du système monarchique se trouve simplement remplacé par une classe élitaire de dirigeants.

  La démocratie promet de laisser au peuple le soin de déterminer ce qui est le mieux pour la communauté. Dans la réalité, les citoyens n’ont ni les connaissances ni le désintéressement nécessaires pour prendre immanquablement les bonnes décisions en vue du bien de tous. Platon a décrit la démocratie comme un “régime plein d’agrément, dépourvu d’autorité, non de bariolage, distribuant aux égaux aussi bien qu’aux inégaux une manière d’égalité”.

  L’autocratie promet des résultats sans délai. Dans la réalité, comme l’écrit le journaliste Otto Friedrich, “même les hommes les mieux intentionnés, une fois qu’ils sont plongés dans la jungle du pouvoir politique, se trouvent dans l’obligation de prendre des décisions qu’ils seraient enclins à juger immorales en temps normal”. C’est ainsi que de “bons” autocrates se muent en des dirigeants assoiffés de pouvoir, prêts à sacrifier les besoins de leurs concitoyens sur l’autel de leur ambition personnelle.

  Le fascisme promet le bonheur pour tous grâce à l’économie dirigée. Dans la réalité, les résultats, qui ne sont pas transcendants, sont obtenus aux dépens de la liberté individuelle. Glorifiant la guerre et le nationalisme, le fascisme a produit des monstruosités comme l’Italie de Mussolini et l’Allemagne de Hitler.

  Le communisme promet la création d’une Utopie, société sans classes dans laquelle les citoyens jouiraient d’une égalité totale devant la loi. Dans la réalité, les classes et les inégalités subsistent, et des politiciens corrompus exploitent le peuple. Il en résulte un rejet du communisme, ses bastions se trouvant aujourd’hui menacés d’éclatement sous la pression des mouvements nationalistes et séparatistes.

 

À propos des Nations unies

▪ Les Nations unies comptent actuellement 160 membres. Les seuls pays à ne pas encore en faire partie sont les deux Corées et la Suisse. Un plébiscite organisé en Suisse en mars 1986 a révélé que 75 % de la population étaient opposés à son adhésion.

▪ Autour de l’organisation principale gravitent 55 organismes, services spéciaux, commissions des droits de l’homme et autres missions de maintien de la paix.

▪ Chaque État membre possède une voix à l’Assemblée générale, alors que la nation la plus peuplée, la Chine , compte 22 000 fois plus d’habitants que la nation la moins peuplée, Saint-Christophe et Niévès.

▪ C’est en 1986 qu’a été enregistré le plus grand nombre de conflits armés dans le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale: 37. Cette année avait pourtant été déclarée Année internationale de la paix par les Nations unies.

▪ Trente-sept pour cent des États membres de l’ONU comptent moins de citoyens que la “nation” internationale que forment les Témoins de Jéhovah unis. Ce chiffre passe à 59 % si l’on prend comme référence le nombre de personnes qui ont assisté à la commémoration de la mort du Christ cette année.

 

La domination humaine - Partie 10 - La Théocratie

Théocratie: des termes grecs “théos” (dieu) et “kratos” (puissance); mode de domination dans laquelle la direction ou l’administration est assurée par Dieu, parfois par l’intermédiaire de représentants nommés.

SI VOUS aviez les moyens de vous offrir un collier de perles ou un diamant, vous contenteriez-vous d’imitations? Probablement pas, à moins que l’on vous fasse croire qu’il n’existe rien de mieux.

En matière de gouvernement, des centaines de millions de personnes sont trompées: on leur fait croire qu’elles profitent de ce qu’il y a de mieux, alors qu’on ne leur présente en fait que de médiocres imitations. Dès lors, faut-il s’étonner qu’elles soient déçues et frustrées?

 

La quête d’un bon gouvernement

En 1922, l’anglican William Ralph Inge, doyen de la cathédrale Saint Paul de Londres, écrivait qu’“un bon gouvernement reste la plus grande bénédiction de l’homme, et aucune nation n’en a jamais eu”. Pourquoi?

John Kennedy, 35e président des États-Unis, a donné une partie de la réponse en déclarant qu’“aucun gouvernement n’est meilleur que les hommes qui le composent”. Étant donné que même l’homme politique le plus doué est imparfait, tout gouvernement d’origine humaine est voué à l’échec.

Philip Massinger, dramaturge du XVIIe siècle, avait raison d’écrire que “celui qui veut gouverner les autres devrait d’abord être maître de sa destinée”. Mais quel homme, du fait de son imperfection, peut se dire totalement maître de sa vie? En réalité, aucun homme politique ne possède assez de connaissances et de sagesse pour maîtriser les événements et assurer ne serait-ce que son propre bonheur; combien moins, alors, celui de millions de ses semblables! Par ailleurs, quand bien même il ne prendrait que de bonnes décisions, il n’aurait pas le pouvoir de les exécuter.

Conscient du problème, l’essayiste américain Brooks Atkinson écrivait en 1951: “Ce dont nous avons besoin à notre tête, c’est de supermen — il y a tant à faire et le besoin de sages décisions est si pressant! Mais, hélas! ajoutait-il, les supermen n’existent pas.” Quarante ans plus tard, ils n’existent toujours pas.

En fait, il n’entrait pas dans le dessein de Dieu que les hommes se dirigent eux-mêmes. S’ils veulent jouir d’un gouvernement parfait, c’est plus que de “supermen” dont les hommes ont besoin. La solution, c’est la théocratie, la domination divine.

 

Quel genre de théocratie?

La théocratie est le mode de gouvernement qui fonctionnait en Éden, le jardin où Dieu avait placé le premier couple humain. En sa qualité de Souverain légitime, Dieu administrait alors les affaires et exerçait l’autorité.

Lorsque, voilà environ 19 siècles, l’historien juif Flavius Josèphe forgea le mot grec rendu par “théocratie”, il le fit en référence à l’antique nation d’Israël. Cette désignation était correcte, car Israël était à l’époque une nation choisie par Dieu. Bien qu’Il exerçât son autorité par l’intermédiaire de représentants humains, ce n’en était pas moins Dieu qui dirigeait la nation. — Deutéronome 7:6; 1 Chroniques 29:23.

Lorsque le terme “théocratie” fut introduit dans d’autres langues, il conserva essentiellement le sens que lui avait donné Josèphe. Du moins au début. Par la suite, en effet, il prit d’autres connotations. Selon une encyclopédie des religions, il a été “appliqué à des cas aussi divers que l’Égypte des pharaons, l’Israël antique, la chrétienté médiévale, le calvinisme, l’islam et le bouddhisme tibétain”.

L’historien W. Warren ajoute qu’il y eut “dans la monarchie anglaise un élément de royauté théocratique: le roi présenté comme le principal instrument de Dieu pour diriger le monde, comme son représentant et son juge”. À l’époque moderne, le mot a même servi à exprimer ce que Dewey Wallace Jr, de l’Université George Washington, appelle “le mépris ‘éclairé’ pour les sociétés dominées par le clergé”.

Le sens élargi donné aujourd’hui à ce terme explique l’existence d’une grande variété de théocraties. Mais quelle est celle dont nous avons besoin?

 

Des contrefaçons

Le premier gouvernement humain de l’Histoire fut fondé il y a 4 000 ans environ par Nimrod. Cet arrière-petit-fils de Noé se proclama roi et devint, pour reprendre l’expression de la Bible , “un puissant chasseur en opposition avec Jéhovah”. (Genèse 10:8, 9.) Ce faisant, Nimrod s’érigea en dieu politique. Dans cette position, il bénéficiait du soutien du principal adversaire de Dieu, le faux dieu Satan le Diable (2 Corinthiens 4:4). La domination de Nimrod était donc une contrefaçon de la véritable théocratie.

Après qu’ils eurent été dispersés sur toute la terre, les sujets de l’empire de Nimrod continuèrent à considérer leurs gouvernements comme théocratiques, c’est-à-dire comme détenteurs d’une autorité conférée par le ou les dieux qu’ils adoraient (Genèse 11:1-9). C’est ainsi que, d’après l’Encyclopédie des religions (angl.), la théocratie en vint à “désigner cette phase initiale de l’antique civilisation orientale pendant laquelle il n’y avait aucune distinction entre la religion et l’État”.

Dans certaines cultures, celle de l’Égypte des pharaons par exemple, le roi passait pour être l’époux d’une grande déesse ou le fils d’un dieu. Dans d’autres, il était peu question de son ascendance ou de ses attributs divins, mais l’accent était mis sur le fait qu’il avait été choisi par la divinité. Le livre Histoire de l’idéologie politique (angl.) explique qu’en Grèce, à partir d’Alexandre, le roi fut élevé au rang de dieu “parce qu’il apportait l’harmonie à son royaume comme Dieu apporte l’harmonie dans le monde”. On lit plus loin: “Il possédait une divinité qui le différenciait de l’homme du peuple. Tout usurpateur qui prétendait à la fonction suprême sans le soutien du ciel allait au désastre.”

L’idée selon laquelle le roi était divin se retrouva au cours de l’ère dite chrétienne. Son prestige s’accrut après la conversion au catholicisme des tribus teutonnes. Son couronnement par l’Église laissait entendre qu’il avait été choisi par Dieu lui-même. C’est à partir de là que se développa peu à peu le concept de la royauté de droit divin.

Avant même l’ère “chrétienne”, les Césars romains avaient donné une forme théocratique à leur domination en revendiquant la divinité. Aux yeux des Romains, domination humaine et domination divine étaient synonymes. À l’instar de celui de Nimrod, leur mode de gouvernement était donc une contrefaçon de la pure théocratie. Dès lors, quand, au Ier siècle, les membres du clergé juif refusèrent de reconnaître en Jésus le futur Roi et crièrent: “Nous n’avons de roi que César”, ils prirent ni plus ni moins position pour une fausse théocratie et rejetèrent la théocratie authentique prêchée par Jésus. — Jean 19:15.

Étant donné que la domination théocratique de Jéhovah est infiniment supérieure à toute autre, il ne faut pas s’étonner que Satan ait essayé d’en incorporer certains éléments dans ses contrefaçons humaines. En vain. Aucune de ces prétendues théocraties ne s’est montrée à la hauteur, tant s’en faut. En fait, pas une seule n’a eu Dieu ou certains de Ses représentants à sa tête. Toutes se sont révélées des imitations médiocres, des expressions de la domination humaine imparfaite sous la coupe d’un faux dieu.

À juste titre, la Bible appelle ce dieu “le chef de ce monde” et “le dieu de ce système de choses”. (Jean 12:31; 14:30; 2 Corinthiens 4:4.) Fort de cette autorité, il a pu proposer à Jésus “tous les royaumes du monde et leur gloire”. Jésus a rejeté énergiquement la tentation (Matthieu 4:8-10). Sachant que la véritable théocratie est dirigée par le seul vrai Dieu, Jéhovah, il ne s’est pas laissé abuser en acceptant des imitations humaines incapables de manifester de façon parfaitement équilibrée les qualités divines reflétées par le modèle.

 

Le gouvernement parfait est proche

Voilà quelques années, Hugh Brogan, de l’université d’Essex, avait déclaré que “si l’animal politique qu’est l’homme veut se sauver, lui et sa civilisation, il ne doit pas arrêter de chercher de nouvelles formes de gouvernement, afin de combler ses besoins sans cesse en évolution”. C’est précisément ce que les humains font depuis les jours de Nimrod. Mais combien de temps devra-t-il encore s’écouler avant qu’il ne soit reconnu que la domination humaine est tout bonnement inefficace?

Heureusement, depuis son établissement dans les cieux en 1914, le Royaume messianique de Jéhovah conteste les réalisations aberrantes de la domination humaine. Depuis cette date, les gouvernements humains, bien que s’accrochant à leur place, sont en sursis (Daniel 7:12). Nous vivons dans la période que la Bible identifie aux “derniers jours”. (2 Timothée 3:1-5.) Si visible est l’écriture sur le mur — les signes — qui annonce la destruction imminente des gouvernements humains qu’on ne peut honnêtement l’ignorer. On peut, bien sûr, refuser d’en tenir compte, mais il est impossible de l’effacer.

La domination théocratique exercée par le Royaume messianique de Jéhovah est représentée dans la Bible en Daniel chapitre 2 par une pierre “détachée, non par des mains”, et qui ‘frappe l’image [symbole de la domination humaine] à ses pieds de fer et d’argile modelée et les écrase’. Cela signifie que le Royaume de Dieu instauré va bientôt frapper la domination humaine sous toutes ses formes et l’écraser. Dans quelle mesure? La Bible répond: “Alors furent écrasés, tous ensemble, le fer, l’argile modelée, le cuivre, l’argent et l’or, et ils devinrent comme la bale qui s’envole de l’aire de battage d’été, et le vent les emporta sans qu’aucune trace n’en fût trouvée.” — Daniel 2:34, 35.

Si les gouvernements mauvais de la terre doivent être balayés au point qu’il n’en reste aucune trace, il est évident que les partisans de la domination humaine doivent s’attendre à des moments difficiles. Conscientes de ce fait, des millions de personnes comprennent qu’il est sage de mettre leur confiance en quelque chose de meilleur que la domination humaine corrompue. Seule la domination de Jéhovah Dieu, le Créateur de l’univers, peut résoudre les problèmes causés par des milliers d’années de mauvaise gestion. Seule l’authentique théocratie est à même de satisfaire les besoins de notre temps.

Nous espérons que, grâce à cette série en dix parties “La domination humaine — L’heure du bilan”, vous aurez pris conscience de l’importance de prendre position sur la question du gouvernement. Mais nous souhaitons surtout que vous fassiez le bon choix. La domination humaine a été pesée et trouvée insuffisante. Sur quoi arrêterez-vous votre choix? Sur une vulgaire contrefaçon ou sur le modèle? Vous rangerez-vous sous la bannière de la domination humaine ou sous celle du vrai Dieu, Jéhovah? —

Daniel 2:44 “ Et aux jours de ces rois-là, le Dieu du ciel établira un royaume qui ne sera jamais supprimé. Et le royaume ne passera à aucun autre peuple. Il broiera tous ces royaumes et y mettra fin, et lui-même subsistera pour des temps indéfinis ; »

Matthieu 6:10 « Que ton royaume vienne. Que ta volonté se fasse, comme dans le ciel, aussi sur la terre. »

 

[Note]

Les preuves que le Royaume de Dieu a été établi en 1914 et que le monde est entré alors dans ses derniers jours sont présentées dans les chapitres 16 et 18 du livre Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis, publié en 1982 par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc.

 

Ce qu’accomplira la domination théocratique de Jéhovah :

♦ Les personnes âgées retrouveront la vigueur de la jeunesse.

Job 33:25 « Que sa chair devienne plus fraîche que dans la jeunesse, qu’il revienne aux jours de sa vigueur juvénile. ’ »

 

♦ Les guerres appartiendront au passé.

Psaume 46:9 « Il fait cesser les guerres jusqu’à l’extrémité de la terre. L’arc, il le brise, oui il met en pièces la lance ; il brûle les chariots au feu. »

Isaïe 9:7 « À l’abondance de la domination princière et à la paix il n’y aura pas de fin, sur le trône de David et sur son royaume, pour l’établir solidement et le soutenir par le moyen du droit et par le moyen de la justice, dès maintenant et pour des temps indéfinis. Le zèle même de Jéhovah des armées fera cela. »

 

♦ Chaque famille possédera une maison confortable.

Isaïe 65:21 « Oui, ils bâtiront des maisons et [les] habiteront ; oui, ils planteront des vignes et mangeront [leurs] fruits. »

 

♦ Les malades et les handicapés guériront.

Isaïe 33:24 « Aucun habitant ne dira : “ Je suis malade. ” Le peuple qui habite dans [le pays] verra sa faute pardonnée. »

Isaïe 35:5-6 « À cette époque s’ouvriront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. 6 À cette époque le boiteux grimpera comme le cerf, et la langue du muet poussera des cris de joie. Car des eaux auront jailli dans le désert et des torrents dans la plaine désertique. »

 

♦ Les morts ressusciteront.

Isaïe 25:8 « Oui, il engloutira la mort pour toujours ; oui, le Souverain Seigneur Jéhovah essuiera les larmes de dessus tous les visages. Et l’opprobre de son peuple, il l’ôtera de dessus toute la terre, car Jéhovah lui-même [l’]a dit. »

Actes 24:15 « et j’ai [cette] espérance envers Dieu, espérance que ces [hommes] nourrissent eux aussi, qu’il va y avoir une résurrection tant des justes que des injustes. »

Révélation 20:13 « Et la mer a rendu les morts qui s’y trouvaient, et la mort et l’hadès ont rendu les morts qui s’y trouvaient, et ils ont été jugés chacun individuellement selon leurs actions. »

 

 

♦ La corruption, l’immoralité et la criminalité disparaîtront.

Proverbes 2:21-22 « Car les hommes droits sont ceux qui résideront sur la terre, et les hommes intègres sont ceux qui y resteront. 22 Quant aux méchants, ils seront retranchés de la terre ; et les traîtres, eux, en seront arrachés. »

 

♦ Il y aura abondance de nourriture pour tous.

Psaume 72:16 « Il y aura abondance de grain sur la terre ; sur le sommet des montagnes, ce sera la profusion. Son fruit sera comme au Liban, et ceux qui sont de la ville fleuriront comme la végétation de la terre. »

Isaïe 25:6 « Oui, Jéhovah des armées fera pour tous les peuples, dans cette montagne, un banquet de mets ruisselants d’huile, un banquet de [vins qu’on a laissé reposer sur leur] lie, de mets ruisselants d’huile, pleins de moelle, de [vins qu’on a laissé reposer sur leur] lie [et qu’on a] filtrés. »

 

♦ Les hommes vivront de nouveau en paix avec les animaux.

Isaïe 11:6-9 «  Oui, le loup résidera quelque temps avec l’agneau, et le léopard se couchera avec le chevreau, et le veau et le jeune lion à crinière et l’animal bien nourri, tous ensemble ; et un petit garçon les conduira. 7 La vache et l’ourse pâtureront ; ensemble se coucheront leurs petits. Et même le lion mangera de la paille comme le taureau. 8 Oui, le nourrisson jouera sur le trou du cobra ; et sur la lucarne du serpent venimeux l’enfant sevré mettra vraiment sa main. 9 On ne fera aucun mal et on ne causera aucun ravage dans toute ma montagne sainte, car vraiment la terre sera remplie de la connaissance de Jéhovah comme les eaux recouvrent la mer. »

Ézékiel 34:25“ ‘ “ « Oui, je conclurai avec elles une alliance de paix et, à coup sûr, je ferai disparaître du pays la bête sauvage néfaste ; vraiment elles habiteront dans le désert en sécurité et dormiront dans les forêts. »

 

♦ Tout le monde aura un travail intéressant et satisfaisant.

Isaïe 65:22-23 « Ils ne bâtiront pas pour qu’un autre habite, ils ne planteront pas pour qu’un autre mange. Car les jours de mon peuple seront comme les jours d’un arbre ; et ceux que j’ai choisis profiteront pleinement de l’œuvre de leurs mains. 23 Ils ne peineront pas pour rien, ils n’auront pas des enfants pour le trouble ; car ils sont la descendance composée des bénis de Jéhovah, et leur lignée avec eux. »

 

♦ La terre sera transformée en un immense paradis.

Isaïe 35:1 « Le désert et la région aride exulteront, la plaine désertique sera joyeuse et fleurira comme le safran. »

Isaïe 35:6-7 « À cette époque le boiteux grimpera comme le cerf, et la langue du muet poussera des cris de joie. Car des eaux auront jailli dans le désert et des torrents dans la plaine désertique. 7 Le sol torride sera devenu comme un étang couvert de roseaux, le sol desséché comme des sources d’eau. Dans la demeure des chacals, lieu de repos pour [eux], il y aura de l’herbe verte avec des roseaux et du papyrus. »

Luc 23:43 « Et il lui dit : “ Vraiment, je te le dis aujourd’hui : Tu seras avec moi dans le Paradis. ”

 

Ce ne sont pas là des promesses politiques vides de sens faites par des hommes. Ces promesses viennent de Dieu, et “il est impossible à Dieu de mentir”. Hébreux 6:18.

 

 

 

 



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Dernière mise à jour le : 14 juillet 2010.